Riley va répéter avec ses amis pour un concert qui pourrait leur ouvrir les portes du HeavyFest. Mais la séance se passe mal pour Riley qui doit réapprendre à maîtriser sa guitare basse à cause de sa transformation. Cependant, sa mère, Patricia, apprend par son agent qu'elle est invitée à un salon littéraire alors qu'elle n'a toujours aucun livre à présenter...
FML continue d'être cette mini-série loufoque à nulle autre pareil. Je garde toujours pour la fin parce que je sais que ça va être drôle, inattendu, imprévisible, même si je sais aussi que d'en parler ne va pas être simple et que donner envie de la lire ne sera pas aisé. Kelly Sue DeConnick et David Lopez l'ont fait exprès.
Le degré de dinguerie de FML est très élevé : les situations que les auteurs présentent sont à la fois cocasses et étranges à un point qu'il est difficile d'appréhender. Plus d'une fois, en lisant cet épisode, comme les précédents, on se demande si c'est du lard ou cochon, mais surtout c'est un authentique sentiment de sidération qui vous étreint.
Parce qu'au fond rien de ce qui est dit et montré ici ne serait apprécié comme ça dans la réalité. Imaginez, vous êtes un ado et avec vos amis, vous avez monté un groupe de hard rock. Un soir, dans une forêt, vous invoquez des esprits pour avoir l'inspiration et le succès. Et le lendemain matin, vous vous réveillez, transformé en une créature énorme, poilue, griffue...
Sauf que personne ne s'en étonne. Oh, bien entendu, c'est pas ordinaire, mais bon, pourquoi pas ? N'oubliez pas : vous êtes un ado, l'âge où le corps se transforme, alors si vous devenez un monstre mais que vous restez gentil, sociable, où est le problème ? Vous avez dit "bizarre" ? Comme c'est bizarre ! Mais surtout comme c'est marrant.
Evidemment, c'est une forme d'humour qui ne convient pas à tout le monde, c'est, comme on dit, "pour public averti". Si vous ne sentez pas le truc, inutile d'insister, vous allez rester à quai et trouver le temps long. Par contre si vous marchez dans la combine, alors c'est une joyeuse déconnade, complètement surréaliste.
Je me rends compte que, ce que je cherche dans une BD comme ça, c'est une forme de respiration, de pause, d'échappatoire. Le monde est dingue, sinistre souvent, objectivement il y a peu de raison d'être réjoui actuellement. Les comics sont pareils, ils reflètent l'état de ce drôle de monde. La plupart sont sérieux, graves, dramatiques, et on les aimes pour ça, parce que sous ce vernis, ça reste du divertissement.
Mais n'empêche, quand on cherche un comic-book vraiment fun, y en a pas des masses. Je ne dis pas que le genre gagnerait forcément à être plus rigolo globalement, mais ce qui est saisissant, c'est que, quand vous suivez les auteurs sur les réseaux sociaux (par exemple Blue Sky, et pas la poubelle X), vous voyez des gens qui sont souvent sympas, qui ne méritent en tout cas pas qu'on les malmène comme certains malotrus le font.
Alors pourquoi, malgré ça, ne se lâchent-ils pas davantage dans leurs comics ? Je me souviendrai toujours de l'époque où j'ai découvert le meilleur comic-book de tous les temps, Nextwave (j'exagère à peine...), et que c'était écrit par Warren Ellis. Le Warren Ellis de Planetary, The Authority, Ocean, Global Frequency, un type qui n'avait pas l'air d'être un plaisantin...
Et avec Nextwave, il a signé un truc tellement déjanté et hilarant, encore aujourd'hui, tellement fou que Marvel n'a jamais osé y revenir (en réunissant les personnages par exemple, sous une forme ou une autre)... Hé bien, ça prouvait que même en étant un auteur comme Ellis, on pouvait se permettre de lâcher la bride. Mais qui d'autre a fait ça depuis ? Personne !
Kelly Sue DeConnick, elle, sort du beau succès critique et commercial de Wonder Woman - Historia. Elle est devenue une espèce de référence avec cette mini. Et paf ! elle sort FML, qui est l'antithèse de ce projet respectable : une BD mal élevée, hirsute, déconnante. Et c'est très réussi, très osé aussi. J'adorerai que tous les auteurs sautent le pas parfois comme ça, en sortant des sentiers battus, de leur zone de confort, quitte à se planter.
Et elle a entraîné là-dedans David Lopez, dont le récent parcours a dû l'inspirer. Après des années à servir chez DC et Marvel, il s'est lancé, lui, dans BlackHand & IronHead, où il s'amusait avec les codes super-héroïques, en totale indépendance sur PanelSyndicate, le site fondé par Marcos Martin et Brian K. Vaughan où vous payez ce que vous voulez pour lire.
Aujourd'hui, on voit à quel point cette expérience, qui n'a pas dû le rendre financièrement plus riche, l'a affranchi : ses planches ont la saveur des comédies burlesques et l'audace de ceux qui ont longtemps eu la laisse autour du cou. Il y a des cases en noir et blanc dessinées dans un style pressé, et d'autres en couleurs où la narration est d'une fluidité et d'une précision indispensables quand on s'inscrit dans le registre comique.
La complicité de DeConnick et Lopez n'avait pas besoin de FML (ils avaient prouvé leur entente sur Captain Marvel), mais avec FML, ce sont deux créateurs émancipés qui s'assument. Leur plaisir est communicatif et leur histoire est foutraque, certes, mais aussi diablement maîtrisée. Faîtes-vous du bien : lisez FML !
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