Clutch a non seulement survécu à l'attaque menée par l'équipe Cobra mais il a réussi à s'infiltrer en prenant la place d'un de leurs soldats. Il lui faut maintenant ne pas éveiller les soupçons et trouver un moyen de contacter les Joes pour les prévenir du plan de l'ennemi : kidnapper le professeur Menov pour récupérer son scanner...
En Juin prochain paraîtra le premier recueil de la série G.I. Joe écrite par Joshua Williamson et qui collectera les six premiers épisodes, ce qui signifie qu'on est à la moitié de ce premier arc. Et je pense qu'une fois ce premier arc terminé, j'arrêterai de suivre la série mensuellement pour la poursuivre uniquement en albums.
Pourquoi ? Je reste enthousiasmé par ce que Williamson écrit et sa manière de familiariser le lecteur qui ne le connaissait avec cet univers, ce n'est donc pas un problème de ce côté-ci. Mais il faut bien reconnaître que chaque épisode se déroule à toute vitesse et qu'on en sort avec une impression récurrente, celle en vérité de ne pas avoir lu grand-chose de consistant.
Le parti-pris de Williamson, mais je pense que c'est dans l'ADN de la franchise G.I. Joe (car la série historique, sous-titrée A Real American Hero, fonctionne de la même manière), c'est de tout miser sur l'action et l'énergie. Et c'est logique puisque l'argument est très simple, avec ses deux camps ennemis qui entrent en guerre, avec des méchants et des gentils bien définis.
Il y a donc des espèces de quotas à respecter : un peu d'exposition pour éclaircir les enjeux et annoncer où va l'intrigue, un peu de caractérisation (même si ça reste très sommaire vu le manichéisme assumé de l'ensemble), et beaucoup d'action. Sur ce dernier point, tout est bon pour qu'il y en ait, au point que c'est presque comique.
Par exemple, au début de cet épisode, le Cobra Commander sent qu'un espion a infiltré ses troupes. Le lecteur craint alors qu'il ne démasque Clutch. Mais il s'avère que c'est un des scientifiques travaillant pour Destro qui sort du bois et tente de tuer le Cobra Commander. Ce dernier le maîtrise dans souci, l'estropie et le jette dans une trappe au fond de laquelle grouillent des serpents.
Un peu après, on est au QG des G.I. Joe (the Pit/la Fosse), et la scène démarre là où on avait laissé nos héros, c'est-à-dire au milieu d'une bagarre entre Duke (toujours aussi remonté - le mec ne se calme jamais !) et Risk (qui est l'archétype du type qui cherche - et trouve). Williamson traite ça avec humour puisque la baston se passe sous les regards de la Baronne et du colonel Hawk, lequel laisse faire car il sait que rien ne saurait calmer ces deux enragés.
On est à peine à la moitié de l'épisode et déjà vous avez eu deux scènes d'action pure. Il y en aura une troisième encore à la fin. Tout ça en vingt pages, ça ne chôme pas. Mais tout ça fait un peu écran de fumée parce que sinon la narration est décompressée. C'est de bonne guerre : le scénariste divertit le lecteur avec de la baston, ce qui lui fait oublier que l'histoire avance à pas comptés.
Il y a plus de chance que ça progresse le mois prochain puisque le nouvel enjeu, aussi bien pour les Joes que pour les Cobras, c'est ce fameux scanner d'ondes cérébrales conçu par le Pr. Menov (ce qui, à l'envers, donne Pr. Venom...). Qui, cette fois, mettra la main dessus le premier ? Les vilains ? Ou les bons ? C'est comme ça dans l'univers de G.I. Joe, ça ne vole pas plus haut.
Mais c'est le jeu, car tout le principe d'une série pareille, c'est d'être ludique. De ramener le lecteur en enfance, quand il s'amusait avec ses figurines. Et Williamson y va à fond les ballons. Si vous jugez ça trop primaire, alors autant ne pas y aller du tout parce que ça va vous tomber des mains. Mais si vous avez envie d'un plaisir régressif, alors c'est très marrant - et je dis ça sans condescendance.
Donc, oui, je pense que ça gagne à être lu en album, parce que critiquer ça en single issue revient à analyser quelque chose qui n'est vraiment pas très substantiel. Il n'y a rien à disséquer, pas de discours, pas de sous-entendu, pas de sens caché. C'est très premier degré et c'est pour ça qu'on aime - ou pas du tout. J'aime bien parler de G.I. Joe depuis trois mois parce que c'est fun, mais honnêtement, je ne sais pas trop quoi dire de plus numéro après numéro, alors qu'avec un album de six épisodes, ce serait plus facile.
Visuellement, Tom Reilly semble un peu chercher son deuxième souffle, et heureusement le scénario lui donne de quoi lever un peu le pied sur le dessin des véhicules et des armes (il n'y a guère que la double page du début - voir plus haut - qui requiert un effort de ce côté-là). Il peut alors se concentrer sur les personnages, leur expressivité, comme dans la scène avec le Pr. Menov dans la voiture qui le conduit, sous bonne escorte, au congrès pour y être auditionné.
En revanche, c'est toujours aussi surprenant de voir Jordie Bellaire mettre tout ça en couleurs, surtout quand on a lu quelque jours avant The Nice House by the Sea où son travail est tellement différent, tellement plus audacieux, radical. Mais c'est une artiste à part entière dans sa partie et l'aisance avec laquelle elle remplit sa mission dans les deux cas est prodigieuse.
Marrant comme tout, donc, mais très simple. Et donc frustrant pour la critique. Que dire sinon que c'est du bon entertainment ? Et c'est déjà pas mal.
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