Oliver Landon Clay est torturé par les autres habitants de la maison de la plage qui ont découvert que d'autres survivants existaient et résidaient dans une autre maison et qu'il les avait reçus en secret. Cependant, à la maison du lac, Norah, à l'écart des autres, supplie Walter de se montrer car elle sait qu'il a simulé sa mort...
C'est peu dire que j'attendais cet épisode puisque le précédent était sorti le 30 Octobre 2024. Mais de la patience, il faudra en avoir car si le n°6 paraîtra le mois prochain, ensuite la série va faire un break de plusieurs mois, le temps pour Alvaro Martinez Bueno de reprendre de l'avance dans son travail. Cela avait déjà été le cas pour The Nice House on the Lake.
Bon, si vous me lisez régulièrement, vous savez que je ne suis pas lecteur à me formaliser pour le temps que prend un artiste à compléter ses planches. Parce que j'estime que les dessinateurs ne sont pas des machines et que, dans le cadre de mini-séries exigeantes comme celle-ci, la qualité ne s'obtient pas en contraignant ceux qui la font à se presser.
Par ailleurs, il me semble sain de rappeler encore et toujours cela à l'heure où l'Intelligence Artificielle tente tant de monde et pousse même certains à se prétendre artistes en pillant les oeuvres d'autrui. Or je suis désolé, mais si vous supportez ça, ce n'est pas mon cas et j'irai même plus loin en disant que vous n'avez rien à faire ici ni à affirmer que vous aimez la bande dessinée.
Evidemment, c'est pénible d'attendre plusieurs mois entre deux épisodes, mais il y a vraiment plus grave en ce moment, et encore une fois rien ne vaut une histoire racontée visuellement par une seule personne plutôt que si elle est entrecoupée par des fill-in de moindre niveau. Mais revenons à notre maison près de la mer...
Car ce qu'on constate, c'est que James Tynion IV réussit son coup. Pourquoi ? Parce que, même après des mois d'attente, nul besoin de se replonger dans les épisodes précédents pour se souvenir où il nous avait laissés. Les situations sont suffisamment mémorables pour qu'elles restent gravées dans notre mémoire.
Mais il réussit aussi son coup par sa capacité à ne jamais se reposer sur la force des scènes antérieures. Prenez ce nouveau chapitre : il démarre par une situation vraiment sidérante, visuellement très graphique, avec Oliver Landon Clay torturé de manière très impressionnante par ses colocataires (voir ci-dessus).
On peut être légitimement choqué par ces images, c'est une question de sensibilité. Mais ce n'est en tout cas pas gratuit de la part de Tynion et Martinez Bueno. Il s'agit de prouver à quel sadisme, à quelle cruauté sont prêts à se livrer les habitants de la maison près de la mer et ce que cela dit sur leurs intentions, leurs projets.
En l'occurrence, on apprend qu'ils n'ont certes pas apprécié de découvrir que Oliver leur ait caché que des habitants de la maison près du lac étaient venus, mais surtout que d'autres survivants existaient. Max, leur hôte, a promis d'exaucer tous les voeux des résidents de la maison de la plage et ceux-ci considèrent les résidents de la maison du lac comme des concurrents, des rivaux : une menace.
Ils décident donc, après avoir soutiré par la torture des informations à Oliver, de tuer les habitants de la maison du lac. Cette dynamique narrative agite le lecteur qui se demande comment et quand cela aura lieu. Comme le lecteur sait que les habitants de la maison de la plage sont plus instruits qu'eux sur la technologie alien, physiquement plus forts, intellectuellement plus méchants, c'est sûr, ça va mal se passer.
Mais ce que ceux de la plage ignorent, tout comme Max d'ailleurs, c'est que ceux du lac ont tué leur hôte (ou du moins le croient-ils). Or Max est en chemin pour la maison du lac pour justement parler à Walter. Et cela aussi implique une menace. Max va-t-il punir les habitants de la maison du lac ? Ou Walter va-t-il resurgir opportunément - et dans ce cas, quelle sera la réaction de ses "protégés" ? Surtout : que se passera-t-il, inévitablement, quand les habitants de la maison de la plage vont débarquer à leur tour avec leur plan d'extermination ?
Toutes ces pistes forment un ensemble captivant et fascinant. Finalement, les effets graphiques sont (presque) relégués au second plan au profit d'un climat de tension, d'un suspense terrible. L'écriture narrative est appuyée par une narration graphique toujours aussi époustouflante où Alvaro Martinez Bueno avec la coloriste Jordie Bellaire peuvent même se permettre plusieurs splash pages avec un personnage qui monologue dans le vide sans que cela ne nuise à la solidité du récit.
C'est suffisamment rare pour le dire, mais The Nice House by the Sea est une mini série encore meilleure que The Nice House on the Lake : plus intense, plus radicale, plus dynamique, plus tout en fait. Alors, oui, ça vaut le coup d'attendre, encore et encore, parce qu'on a dans les mains un futur chef d'oeuvre. Mieux : une oeuvre en soi.
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