Mister Miracle s'apprête à partir en douce pour trouver l'enfant-dieu dont Orion lui a parlé car le Haut-Père le veut mort, mais Big Barda et leur bébé, Olivia, vont l'accompagner. Cependant, en Inde, les parents adoptifs de l'enfant-dieu se cachent des mercenaires à la solde de Maxwell Lord qui les traquent. Metron, lui, rend visite à Desaad sur Apokolips dont le trône vacant aiguise les appétits...
Mes aïeux ! Cette mini-série est vraiment folle. Follement captivante et follement belle. Ram V tiendrait-il son chef d'oeuvre chez DC Comics ? En tout cas, le format de la série limitée semble le booster et sa narration s'en ressent, plus tonique, plus dense aussi, tout en restant fidèle aux thèmes de son oeuvre - la croyance, le pouvoir, les mythologies...
Avez-vous déjà entendu parler des Kirby crackles ? Sinon, on peut résumer la chose ainsi : Jack Kirby aimait la démesure et quand il s'agissait de représenter l'image de la puissance, il utilisait une technique visuelle avec une série de points superposés le long de l'effet montrant l'énergie projetée, comme une sorte de bord de type fractal.
Littéralement, ce crépitement allait bien au-delà du dessin : il résumait l'intention de Kirby qui était que tout était énergie - son écriture narrative et graphique. C'est devenu une telle référence que beaucoup de scénaristes et d'artistes l'ont reproduite en y apportant quelques variations. Mais le principe reste le même : les comics super-héroïques doivent crépiter, comme s'ils étaient toujours proches d'un point de rupture, d'une explosion.
Et ce crépitement, c'est celui par lequel Ram V et Evan Cagle ont choisi de montrer l'éruption des pouvoirs divins d'un enfant qui est au centre de l'intrigue de leur New Gods. En somme, on pourrait dire que si c'est bien la vision de Ram V et Evan Cagle sui dominent cette nouvelle version, c'est tout de même l'esprit de Kirby qui est respecté.
Et pour crépiter, ça crépite ! Le premier épisode nous exposait l'enjeu de l'histoire : Darkseid a disparu, tout le monde le pense mort. Metron se fait alors le messager d'une prophétie qu'il a reçu du Mur de la Source (la frontière cosmique entre les univers) et qui annonce la venue au monde sur Terre d'un enfant, d'un nouveau Dieu.
Est-il là pour remplacer Darkseid ? Ou incarne-t-il autre chose ? Pour le Haut-Père de New Genesis, sorte de planète paradisiaque, mieux vaut ne pas prendre de risque : il confie donc à Orion, son fils adoptif, enfant biologique de Darkseid, la mission de trouver l'enfant et de le tuer. Mais Orion a des remords : il parle à son demi-frère, Scott Free/Mister Miracle, de cette affaire et lui confie à son tour une mission : trouver l'enfant avant lui et le cacher pour qu'il grandisse sans danger.
Ce qu'ignorent Mister Miracle et Orion, c'est que Maxwell Lord recherche aussi cet enfant. Pourquoi ? Visiblement pas pour l'éliminer, comme on le devine dans ce nouvel épisode. Metron est défini, de manière plus prononcé, comme un manipulateur, qui ne sait peut-être pas tout des aboutissants de l'intrigue, mais implique une quatrième partie dans cette quête en prévenant Desaad, le conseiller de Darkseid. Mais Desaad peut-il seulement se permettre de courir après un enfant alors que des prétendants convoitent le trône laissé vacant par Darkseid ?
Apparemment extérieur à l'affaire de l'enfant, un nouveau personnage répondant au doux nom de Karok Ator le charognard se dirige vers Apokolips pour y commettre un massacre - confirmant ce que Metron dit à Desaad en affirmant que la planète est maudite, condamnée. Mais ce Karok Ator, à mon avis, veut aussi s'occuper, ensuite, de New Genesis...
Quand Ram V parle de Nouveaux Dieux (New Gods), il faut le prendre au pied de la lettre. Kirby avait imaginé ces personnages en évoquant d'anciens dieux, prolongeant des thèmes qu'il voulait explorer dans la série Thor chez Marvel. Ses New Gods étaient possiblement les successeurs des dieux nordiques donc.
Ram V, à son tour, introduit cette idée de succession, de remplacement. Ce divin enfant, objet de convoitises diverses, pourrait à son tour incarner une nouvelle génération, qui supplanterait les New Gods de New Genesis et Apokolips. Par la force, comme le craint le Haut-Père ? Ou plus subtilement, plus naturellement ? C'est ce qu'on découvrira sans doute au fur et à mesure, mais c'est accrocheur.
Le fait aussi d'intégrer l'histoire au reste de l'univers DC, via le personnage de Maxwell Lord (qui fut un temps le manager de la Justice League International, homme d'affaires puis espion), tout comme le fait que Ram V ait annoncé que des héros comme Green Lantern ou Superman apparaitraient, montrent bien que la création de Kirby, longtemps à la marge (hormis Darkseid et Mister Miracle), va jouer un rôle prépondérant (jusqu'à devenir une sorte de passerelle entre l'univers classique et l'univers Absolute ?).
En tout cas, c'est captivant et sublime. Car une fois encore, et il va falloir s'y habituer, les planches d'Evan Cagle sont magnifiques. Elles fourmillent de détails, alternant aussi bien dans le soin apporté à des moments intimistes (la tentative de départ de Mr. Miracle, les parents adoptifs de l'enfant qui se cachent) que d'autres plus épiques (ce qui se passe sur Apokolips - bref mais puissant).
Comme le mois dernier, un artiste est invité à signer quatre pages au début de l'épisode : après Jorge Fornés, c'est au tour de Jesse Lonergan (qui vient d'achever la mini-série Man's Best chez Boom ! Studios) qui s'occupe d'introduire Karok Ator le charognard. Son style fait penser à un improbable mix entre Philippe Druillet et Michel Fiffe, mais le résultat est frappant.
Si vous aimez Ram V, et que Evan Cagle vous a déjà impressionnés sur Dawn Runner, alors pas besoin de vous faire davantage l'article pour The New Gods : les deux acolytes sont inspirés. Si vous êtes plus méfiants, surtout vis-à-vis de Ram V (qui, il faut le dire, est plus inégal dans les comics mainstream), oubliez vos réserves : The New Gods est à la fois accessible et imposant.
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