Renee Montoya a compris que toutes les attaques qui ciblaient la Tour de Guet avaient une même source. Pour savoir laquelle, elle entreprend, avec Batwoman, qui a été accusée d'avoir tué un des Challengers de l'Inconnu, d'interroger l'Eradicator, précédemment appréhendé...
Si vous avez lu la critique d'hier sur Titans #19, vous savez déjà que j'ai évoqué un lien entre cet épisode et celui de The Question : All along the Watchtower ici présent. En fait, on peut très bien lire l'un sans l'autre, ils ne sont pas organiquement liés, mais disons que John Layman (Titans) et Alex Segura (The Question...) mettent chacun en lumière un élément commun.
Et cet élément commun, c'est précisément la Watchtower, la Tour de Guet, le quartier général de la Justice League. Dans Titans #19, on suivait Killer Frost en pleine crise de parano, convaincue que les héros ne lui faisaient pas confiance en raison de son passé criminel, alors qu'elle déambulait dans la station orbitale.
Dans The Question..., Renee Montoya est la chef de la sécurité du bâtiment. Depuis sa prise de fonction, elle aussi ne se sent pas vraiment à sa place au milieu de tous ces super-héros. D'abord, elle doit travailler avec des gens qu'elle n'a pas choisis. Ensuite, elle a affaire à des défaillances multiples et fréquentes qui vont jusqu'à compromettre Batwoman, son ex.
Mais, comme la flic qu'elle fut, elle mène l'enquête, et cette fois, elle décide de mettre les pieds dans le plat, sans se préoccuper des préventions que lui prodiguent ses "adjoints", comme lorsqu'elle veut interroger l'Eradicator, malgré les réticence de Ted Kord (qui craint que ça dégénère).
Vous vous en doutez, c'est ce qui va se passer, mais, là où vous allez être surpris, c'est dans quelles proportions, parce que ça va vraiment déraper ! La Question va avoir la confirmation de ce que le lecteur soupçonnait déjà : les assauts contre le Tour de Guet sont toutes téléguidées par une seule personne et elle a des complices à l'intérieur.
Mais, en revanche, ce dont ni la Question ni le lecteur ne pouvaient se douter, c'est à quel point la crise n'a pas attendu qu'une enquête soit menée pour être déclenchée. Parce que, non seulement, il y a des défaillances, mais elles sont à la fois plus graves que prévu et surtout présentes depuis la conception même de la Tour.
L'identité du méchant surprendra plus ou moins - plutôt plus que moins, je pense, vu le nombre de suspects qu'on pouvait estimer. En tout cas, la dernière page est suffisamment inquiétante pour attendre de lire la suite avec intérêt. Parce que, c'est très clair, avec cet épisode, Segura passe la seconde, et cette mini-série qui pouvait sembler assez superflue, ou tout du moins accessoire, prend une toute autre dimension, plus épique, plus spectaculaire.
Et comme les deux seuls personnages en mesure de faire barrage sont la Question et Batwoman, qui n'ont aucun super pouvoir et sont même en très fâcheuse posture dans ce numéro, on se demande bien comment tout ça va finir. C'est donc très prenant, très intense, très efficace - et très malin de la part de Segura qui fait muter son polar en quelque chose de plus imprévisible.
Cian Tormey continue de servir très proprement le script. Son travail est quelque peu ingrat car il doit non pas dessiner une histoire bourrée d'action (même si, là, ça remue pas mal) mais une histoire avec de la tension. Et c'est une nuance importante cat tout passe par la dynamique qui est établie entre les protagonistes.
Par exemple, au tout début de l'épisode, la Question va voir Batwoman avec qui les relations sont glaciales depuis qu'elle l'a soupçonnée d'avoir tué un Challenger de l'Inconnu. Cian Tormey, pourtant, choisit de ne pas en rajouter (c'est inutile, le lecteur sait déjà ce qui se passe entre les deux femmes et comprend pourquoi Batwoman est tendue). Donc, il règle ça en une planche (ci-dessus), avec un champ, contre-champ, bien découpé (un plan sur la Question, de petite dimension) et un plan sur Batwoman (tout le reste de la planche).
Tormey montre donc une vraie intelligence dans la mise en scène. Lors de l'interrogatoire de l'Eradicator, bien qu'on ne lise pas les émotions sur le visage de Renee Montoya puisque le masque de la Question est un masque vierge, tout passe par la gestuelle. Et, dans le même temps, grâce à une narration parallèle, on voit les complices de l'Eradicator faire entrer leur patron dans la Tour. A mesure que l'énervement gagne la Question, la menace se rapproche sans qu'elle s'en doute.
Et quand, dans la dernière partie, on assiste à la corruption totale de la Tour, Tormey la montre de manière rapide et spectaculaire en même temps qu'il ponctue cette séquence par la neutralisation de Batwoman et de la Question. Tout paraît vraiment perdu, et les dessins le traduisent simplement, sans avoir à forcer sur les effets.
J'ignore si et si oui, quand et comment une vf sera disponible, mais Urban serait très bien inspiré de ne pas zapper cette mini-série, d'abord parce qu'elle est très bien écrite et dessinée, mais aussi parce qu'elle forme un complément de programme parfait à Justice League Unlimited et/ou Titans. Encore une fois, c'est la preuve d'une intelligence éditoriale imparable de la part de DC.
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