mercredi 15 janvier 2025

TITANS #19 (John Layman / Serg Acuna)


Ex-super vilaine, Killer Frost est aujourd'hui membre de la Justice League. Mais elle se sent ostracisée, comme si personne ne croyait à sa reconversion. A bout de nerfs, elle déclenche une tempête de glace qui exige l'intervention des Titans. Or, Arsenal a émis des doutes sur la santé mentale de Raven et pense qu'elle n'a pas sa place sur le terrain...


Bon, commençons par le plus évident : en dehors de la couverture qu'il signe, Pete Woods est absent pour ce numéro. Mais il sera de retour le mois prochain : il avait averti ses fans sur BlueSky, alors même que certains lecteurs trouvaient "décevant" qu'il se fasse remplacer si tôt. A ceux-là, j'ai envie de rappeler que les artistes ne sont pas des machines et qu'ils ignorent tout des raisons pour lesquelles le dessinateur a eu besoin de ce break.


Cependant, ça ne signifie pas que Serg Acuna, jusqu'ici plus connu pour ses variant covers, fasse du mauvais boulot. J'étais méfiant, et la copie qu'il rend est tout à fait honorable. Je trouve son trait un peu trop anguleux et son découpage très classique, ses personnages sont peu expressifs, mais l'ensemble n'est pas déplaisant à lire.


Quand le récit entre dans le vif de l'action durant l'affrontement entre les Titans et Killer Frost, Acuna se montre même efficace pour représenter la puissance de l'ex-vilaine à bout de nerfs. Et, la transition est toute trouvée, puisque le cas de Killer Frost va permettre à la série de creuser des éléments qui la dépassent tout en mettant les Titans au centre d'enjeux prometteurs.


John Layman a écrit jusqu'à présent des épisodes répondant tous à la même construction : un prologue soulignant le fait que les Titans doivent trouver leur place dans le nouvel ordre imposé par cette Justice League illimitée (alors même que Superman, Batman et Wonder Womanen en avaient leurs remplaçants quand ils avaient dissous la Ligue).

Ensuite, une menace surgit et les Titans interviennent. Enfin, on comprend que toutes ces menaces ont un lien entre elles, servant au plan d'un grand méchant dans l'ombre. Mais cette fois, Layman bouscule un peu sa mécanique bien huilée en utilisant non pas un énième méchant mais un membre de la Ligue qui a été un vilain (une vilaine en l'occurrence) et qui ne sera pas récupéré par celui qui a contribué à son pétage de plombs.

Killer Frost a été intégrée à la JL dans la série Justice League of America de Steve Orlando en 2017. Batman, à cette époque, est, une nouvelle fois, mécontent de la Ligue qu'il considère trop détachée des intérêts du commun des mortels et décide donc de former sa propre équipe en choisissant (prétendument) des héros différents.

Le souci, c'est que le casting de Orlando était loin de correspondre à l'objectif de Batman : on y trouvait certes Atom (Ryan Choi), Black Canary, The Ray ou Vixen, mais aussi Lobo (!) et donc Killer Frost - et pour ces deux derniers, on pouvait légitimement se demander en quoi ils étaient dignes de confiance et plus proches des humains...

Reste que, après tout ce temps, Killer Frost est restée dans le camp des gentils. Mais lors du prologue de cet épisode, Layman montre très bien à quel point sa réputation la précède et combien les préjugés ont la vie dure. Tout cela alimente sa paranoïa et lui fait perdre les pédales, convaincue qu'elle ne sera jamais pleinement intégrée et donc prête à succomber à nouveau à son rôle de méchante.

La suite est certes convenue, avec la baston de rigueur, la victoire des Titans (ce n'est pas un spoiler puisque c'est prévisible). Par contre le dénouement de l'épisode, en deux temps, ouvre grand la porte à des débats futurs. Batman vient récupérer Killer Frost qui va peut-être être enfermée dans la zone fantôme où sont désormais expédiés les vilains. Et le fait que les Titans n'aient pas voix au chapitre sur cette probable condamnation ne les ravit pas...

Dans un second temps, on comprend que la crise de Killer Frost a été provoquée et Cyborg devine que ça a dû être le cas pour Shimmer dans le précédent épisode, bref les Titans soupçonne un complot dirigé contre eux. Et dans leurs rangs, il y a quelqu'un qui n'est également pas très stable mentalement, ce qui pourrait poser un gros problème...

J'en dis beaucoup, je sais. Mais ce n'est pas pour "divulgâcher" votre lecture, si la série vous intéresse et que vous songiez à la lire (en floppy ou en tpb le moment venu - une vf me paraît pour le moment hypothétique car Urban va certainement revoir sa politique en la matière après le bide de sa collection Dawn of).

Si j'en dis tant, c'est parce que John Layman (mais c'est aussi le cas de l'épisode de The Question : All Along the Watchtower n°3 qui est sorti aujourd'hui et dont je vous parle bientôt) ouvre un peu la boîte de Pandore ici. Non seulement les Titans suspectent que ce qui se passe est orchestré mais surtout que la nouvelle Ligue des Justiciers repose sur une hiérarchie peu démocratique (grosso modo : c'est la trinité Superman-Wonder Woman-Batman qui commande).

Et ça, je ne sais pas si Mark Waid l'intégrera dans la série Justice League Unlimited, mais s'il le fait, ça sera intéressant - plus que d'enchaîner des épisodes avec des missions à la chaîne avec des membres de la Ligue plus ou moins exotiques. Pour tout dire, ça rejoindrait ce que pensait Alan Moore de l'époque Justice League Satellite (avec une Ligue dans sa tour de guet déconnectée du reste du monde) et aussi de ce qu'imaginait Kingdom Come du même Waid.

Autrement dit, pour ceux qui s'imaginaient que le retour de la Justice League équivaudrait à un statu quo pépère, on voit que des auteurs comme Layman et Segura se chargent déjà de dynamiter le postulat. Au final, la prochaine "crisis" de DC pourrait bien venir de la Justice League et de son fonctionnement. Non, rien ne presse non plus, laissons ça s'installer, se confirmer même. Mais la perspective est prometteuse...

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