Troublée par un cauchemar récurrent dans lequel elle voit les X-Men massacrés par le Darkchild, la version démoniaque d'elle-même, Magik fuit la fête que lui ont organisée ses amis pour se rendre à Juneau. Cette bourgade est le théâtre de disparitions inquiétantes qui attisent la haine anti-mutant...
Après Phoenix, Storm, et Psylocke, Magik est la dernière mutante en date à hériter d'une série dédiée depuis la relance de la collection X sous la direction de Tom Brevoort. On peut s'étonner que cela ne soit pas arrivé avant puisqu'il s'agit d'un personnage très populaire, une des rares qui a réussi à échapper à statut de New Mutant (tous ses "classards" - Cannonball, Sunspot, Dani Moonstar, Magma, Karma, Cypher, Wolfsbane - n'ont jamais franchi ce cap).
A priori, nous voilà donc, comme pour Psylocke, Storm et Phoenix, parti pour une série régulière illimitée si le succès est au rendez-vous. Brevoort a confirmé sa confiance dans la scénariste Ashley Allen qui avait déjà écrit un tie-in à l'event Blood Hunt avec Magik pour animer les aventures d'Ilyana Rasputin.
Dans Uncanny X-Men de Gail Simone, Malicia et sa bande prennent sous leurs ailes quatre ados, les Outliers. Dans Exceptional X-Men, Kitty Pryde et Emma Frost entraînent également trois ados. Et dans Psylocke, on enquête sur des enfants mutants kidnappés. C'est trop gros pour n'être qu'une coïncidence. La question se pose alors de savoir si tout ça est autre chose qu'une redite.
Si c'est le cas, alors soit (et c'est peu probable) il s'agit d'une inattention éditoriale, soit d'une intention de dresser une espèce de toile de fond globale, d'établir un thème commun à au moins quatre séries X. Avec le projet, au final, de réunir les intrigues, pour un crossover par exemple ? Ce n'est pas exclu quand on connait la lubie de Brevoort pour les sagas fédératrices - et le bougre va remettre ça très bientôt puisque après la réunion X-Men-Uncanny X-Men dans Raid on Graymalkin, on aura droit à X-Manhunt dès Mars prochain !
Tout ça ne vous dit pas si Magik, la série, vaut quand même le coup ? Je dirais que, comme Psylocke, c'est en tout cas un titre qui séduit par son humilité. Ashley Allen aime visiblement son héroïne et veut l'emmener un peu au loin des X-Men en orchestrant ses retrouvailles avec le domaine de la magie.
Car Ilyana Rasputin a déjà été employée pour cela ces dernières années : elle était apparue dans le Doctor Strange de Jason Aaron et Chris Bachalo, mais surtout dans Strange Academy de Skottie Young et Humberto Ramos où elle faisait partie du corps des professeurs de cette école fondée par Stephen Strange. Il est étonnant que Jonathan Hickman ne s'en soit pas plus servi pour G.O.D.S. .
Par ailleurs, Magik est une mutante qui suscite la curiosité car ses pouvoirs relèvent davantage de l'occultisme que d'un gène X : elle a été enlevée par Belasco, a grandi dans les limbes, en est revenue précocement vieillie, brandit la Soulsword... Rien (si ce n'est le fait qu'elle soit la soeur de Colossus) chez elle n'évoque la "mutanité".
Même son look, depuis que Bachalo l'a établi dans le run d'Uncanny X-Men de Bendis, tranche avec celui des autres. Si je trouve que la couverture de ce n°1 par J. Scott Campbell la sexualise de façon ridicule, il faut avouer qu'Ilyana ressemble à une dominatrice SM avec tout ce cuir. Rod Reis, durant la série New Mutants (période Krakoa) écrite par Vita Ayala, avait tenté de remplacer cette tenue atypique par quelque chose de plus dorée, mais sans convaincre.
L'intrigue est donc assez classique et déjà vue, mais efficacement menée. Surtout, Ashley Allen oppose Magik à un vilain, certes inédit, Liminal, qui s'avère redoutable, la malmenant au point que le lecteur doute vraiment qu'elle puisse le vaincre. Et invoquer le Darkchild, la version maléfique d'Ilyana, est astucieux dans la mesure où c'est le talon d'Achille de l'héroïne quand elle perd ses nerfs.
Sur cette ambiance intense, les dessins de German Peralta se posent idéalement. Voilà un excellent artiste qui n'a pas la notoriété qu'il mérite. Jusqu'à présent, chez Marvel, il a voyagé de titre en titre sans rencontrer un vrai succès durable (Strikeforce avec Tini Howard notamment méritait mieux). Mais ça pourrait bien changer puisque la franchise mutante attire l'attention des lecteurs.
Son découpage est exempt de fioritures, Peralta n'est pas du genre à saturer le regard d'informations graphiques. Mais ce qu'il perd en spectacle, il le gagne en fluidité et cela lui permet de mettre l'action en scène de manière toujours claire, directe, efficace. Bref, il est sur la même longueur d'ondes que sa scénariste.
On notera que le design de Liminal est l'oeuvre de Peach Momoko, dont je n'apprécie guère le travail séquentiel mais qui a réussi quelque chose de simple et accrocheur avec ce personnage.
Magik a de sérieux atouts dans sa manche et peut, comme Psylocke, s'imposer comme une de ces lectures agréables à l'ombre des séries les plus exposées. Je vais donc suivre ça en croisant les doigts.
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