La capture de X-Term et de sa chef, Darkstar, ne suffit pas à la général Mills qui ne décolère du fait que Frenzy ait été une agent double pour l'organisation Mutant Underground. Cependant, Havok apprend par Polaris et Bruin pourquoi ils ont choisi de rejoindre ce mouvement de résistance...
Ce sixième épisode d'X-Factor marque la fin du premier cycle de la série (quand bien même le premier trade paperpack à paraître en Avril prochain ne collectera que les cinq premiers numéros. Il est pourtant évident que Mark Russell boucle son intrigue ici, d'autant plus que le mois prochain la série sera impactée par l'event One World Under Doom (par Ryan North et RB Silva).
X-Factor, avec le concours providentiel de Polaris, a donc procédé à la capture de Darkstar, la mutante russe à la tête de X-Term. L'opération a coûté la vie à un membre de X-Factor mais pas seulement : Frenzy a avoué être l'agent double de l'organisation clandestine Mutant Underground, dont fait partie Polaris. Pas de quoi ravir la général Mills, qui commande X-Factor.
Pour une fois, Mark Russell met de côté le ton sarcastique de la série (quand bien même il se permet quelques situations cocasses et quelques répliques délectables via Broderick Rodgers, le manager de X-Factor). Ainsi permet-il à cet épisode de redistribuer les cartes, comme en témoigne sa conclusion où, effectivement tout change.
Deux scènes cristallisent ce changement de ton : la première est une longue explication rétrospective de Bruin sur ce qui s'est passé sur Krakoa quand des agents d'Orchis y ont débarqué pour dérober des informations cruciales concernant les mutants. Ils en ont été empêchés par le sacrifice poignant d'un habitant de l'île qui a aussi facilité la fuite de Bruin, un membre du Mutant Underground.
Quand Polaris a voulu introduire Havok auprès de ce mouvement clandestin, elle a risqué gros et a subi un procès dont elle s'est sortie en prouvant sa loyauté tandis que Alex Summers renouait avec X-Factor auquel il s'est vendu. Cette compromission scelle la rupture entre Lorna et Alex et Mark Russell, contrairement à tant de scénaristes avant lui sur ce sujet, l'acte de manière sérieuse.
En effet, depuis que leur couple existe, Havok et Polaris n'ont cessé de jouer à "je t'aime moi non plus", parfois avec des auteurs qui usaient de ficelles grotesques (combien de fois l'un comme l'autre se sont séparés parce que l'un des deux était devenu fou à lier ?). Cette fois, Russell souligne que l'incompatibilité profonde entre Lorna et Alex repose sur un fossé moral.
Et le mieux, c'est que c'est tout à fait crédible, raccord avec le passé du cadet des Summers : n'a-t-il pas longtemps préféré la compagnie de Madelyne Prior à celle de Lorna Dane, c'est-à-dire le clone de Jean Grey ? Sur ce point, Scott Summers/Cyclope ne vaut guère mieux puisqu'il avait rompu avec Madelyne dès que Jean avait ressuscité. Les dossiers des Summers sont au moins aussi chargés que celui de Charles Xavier...
En se vendant à X-Factor, sous la tutelle d'une général détestable, Havok n'a fait que signer son ultime bourde face à Polaris qui se rangeait loyalement derrière des mutants persécutés que l'équipe de son amant traquait. Lorna Dane sort grandie de cette histoire, elle qui avait déjà bien été remise en avant lors de l'ère Krakoa.
Et puis il y a une autre scène, plus courte, mais pas moins intense qui concerne Cecilia Reyes et par ricochet Pyro et Havok, lorsqu'ils refusent de continuer à suivre les ordres de Mills. Je ne veux pas trop en dire, mais cela aboutit à ce fameux changement qui clôt l'acte 1 de la série. Je crois bien qu'X-Factor comme on l'a connu depuis 5 épisodes n'existe tout simplement plus.
Cet audacieux plan de relance, alors même que la série se vend bien, prouve que Mark Russell n'est pas là que pour la blague : son projet est certes drôle et grinçant, mais le scénariste le fonde surtout sur l'imprévisibilité. Le lecteur est incapable de savoir où ça va aller, dans quelle direction, pour combien de temps. C'est très excitant même si ce n'est pas confortable.
Bob Quinn aura signé six épisodes de rang avec une constance et une qualité qu'on ne lui soupçonnait pas jusque-là. Le dessinateur a pris une autre dimension, il a mûri, et c'est la grande révélation graphique de la relance X. Son trait expressif, son découpage dynamique, colle parfaitement avec les scripts de Russell au point qu'on n'imagine pas quelqu'un d'autre pour le poste.
Ce n'était pas gagné, mais rien n'était gagné avec cette version d'X-Factor. Le premier épisode renvoyait à l'époque où Peter Milligan avait tout dynamité pour lancer X-Statix, série hyper culte. Mais Russell et Quinn ont su trouver leur propre voie, leur propre voix, sans copier cet illustre référence.