vendredi 9 août 2024

EPITATHS FROM THE ABYSS #1 (J. Holtman & Jorge Fornes / Chris Condon & Peter Krause / Stephanie Phillips & Phil Hester / Brian Azzarello & Vlad Legostaev)


- Killer Spec (J; Holtman / Jorge Fornes) - Dylan est un scénariste confronté à la page blanche mais qui est aigri. Lorsque son co-locataire Steve lui annonce qu'il vient d'écrire un manuscrit et qu'il sollicite son avis, il est convaincu que le résultat sera terrible. Mais il va être méchamment surpris...


- Senator, senator (Chris Condon / Peter Krause) - Marguerite de Palma découvre, sidérée, qu'une sénatrice républicaine très conservatrice est devenue subitement pro-avortement. Elle réussit à la confronter mais échoue à avoir une réponse claire à ce revirement... Avant de découvrir l'atroce vérité...


- Family Values (Stephanie Phillips / Phil Hester) - Une famille est séquestrée dans sa cave par des hommes en armes qui donne au père le choix entre tuer un des siens ou être tous exécutés. Mais que se cache-t-il derrière cette macabre mise en scène ?


- Us v. Us (Brian Azzarello / Vlad Legostaev) - Pour survivre à un étrange mal, vous devez recevoir une injection d'un vaccin qui vous change en monstre. Un couple, coincé par deux de ces créatures difformes, refuse de se soumettre. Le mari meurt. Que va-t-il advenir de sa femme ?


Après donc Cruel Universe, Epitaths from the Abyss est la seconde anthologie mensuelle que Oni-Lion Forge ressuscite dans le catalogue de EC Comics.  Une différence de taille saute aux yeux : ici, prime est donnée à des récits, toujours aussi courts, mais plus horrifiques et terre-à-terre. La preuve par trois :

dans le premier chapitre, J. Holtman met en scène un scénariste frustré et en manque d'aspiration que cette situation aigrit. Evidemment, la découverte d'un script génial par son co-lacataire ca le conduire à commettre l'irréparable... C'esr certes grinçant et saignant, mais on reste un peu notre faim quand le twist final dirige l'histoire vers quelque chose de très convenu (le crime ne paie pas, en gros).

Reste le dessin de l'excellent Jorge Fornes qui trouve là matière à se dégourdir les doigts puisque personne chez DC n'est foutu de lui donner une série régulière à produire (alors que voilà un artiste qui n'est jamais en retard et est un des meilleurs narrateurs actuels !). Cette histoire lui doit une fière chandelle car, sans lui, ç'aurait été une déception totale, mais, grâce à lui, on ricane méchamment de ce qui arrive à Dylan.

Ensuite, Chris Condon (déjà présent au générique de Cruel Universe #1) s'associe à Peter Krause, un vétéran, pour un récit qui fait écho au recul des droits des femmes aux Etats-Unis depuis que la Cour Suprême, avec des juges majoritairement acquis à Trump, on rendu l'avortement illégal dans plusieurs Etats. Malheureusement, le scénariste conclut sur une note facile, grand-guignolesque, qui ruine ses bonnes intentions.

Krause, quant à lui, est égal à lui-même : c'est un dessinateur classique, qui fait du travail propre mais sans grand relief, comme si tout ça ne l'inspirait guère. Dommage.

Heureusement, les choses s'arrangent avec le troisième segment que Stephanie Phillips, très en verve ce mois-ci, a imaginé : l'idée est sadique, la fin glaciale, et c'est sans discussion le meilleur morceau de cette anthologie. La simplicité paie toujours quand on met le lecteur comme les personnages dos au mur et que, en plus, au finish, on leur réserve une surprise bien flippante.

C'est encore un vétéran qui dessine puisque Phil Hester s'empare de ce script avec son style anguleux et contrasté. Je ne suis pas forcément fan, mais il faut admettre que ça fait très bien le job ici, en allant à l'essentiel, sans fioritures, avec un sens du rythme oppressant.

Enfin, Brian Azzarello signe une nouvelle bien monstrueuse qui lui a sûrement été inspiré par les antivax durant la pandémie de Covid. Il faut vraiment attendre la toute dernière case de la toute dernière page pour savourer la noirceur totale et sardonique de cette histoire.

Vlad Legostaev est un choix malin pour illustrer ça car il n'évolue pas dans un registre réaliste et ça ajoute une couche d'humour à l'affaire tout en lui permettant de se défouler sur l'aspect vraiment repoussant des monstres. 

Ce premier numéro de Epitaths from the Abyss est moins bon que celui de Cruel Universe, mais avec les noms annoncés pour le n°2, il ne faut pas se décourager car ça risque de monter en puissance.

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