samedi 8 février 2025

THE ROCKETFELLERS #3 (Peter J. Tomasi / Francis Manapul)


Tandis que Rodney, qui court pour garder la forme, entraîne dans son sillage deux mamys du voisinage, Roland mène une nouvelle expérience dont il fait part à son frère, lequel lui annonce ses fiançailles avec Liz Savalas de l'agence temporelle. De son côté, Rachel doit supporter les avances de Harry Dylan, qu'elle transporte en hélicoptère pour son bulletin sur la circulation...


Sauf si vous habitez dans une grotte, le lecteur de comics que vous êtes sait que cette semaine Marvel a amis en ligne le premier trailer pour le film Fantastic Four : First Steps qui sortira en Juillet prochain. Ce sera l'occasion tant attendu d'introduire dans le MCU la première équipe de super-héros de l'éditeur, créée en 1961 par Stan Lee et Jack Kirby.


Les Quatre Fantastiques évoluent, dans cette bande annonce, dans un cadre rétro-futuriste, qui laisse à penser que l'action ne se déroule pas sur la Terre 616, et déjà bon nombre de fans spéculent sur le fait que l'équipe finira par rejoindre l'univers des autres héros Marvel à la fin du long métrage. Pour ma part, j'attends surtout que Kevin Feige produise à nouveau un vrai bon film. Le reste attendra.


Pour en finir (ou presque) avec les FF, il est fréquent de dire qu'ils sont en vérité une variation des Challengers de l'Inconnu, créé par Kirby (avec Joe Simon et/ou Dave Wood) quand il travaillait encore pour DC : plusieurs éléments vont dans ce sens, puisqu'il s'agissait déjà d'une bande d'aventuriers, avec un même uniforme, plutôt que des super-héros.


Si je vous parle de tout ça, c'est parce que The Rocketfellers me paraît bien être une autre variation des FF/Challengers of the Unknown. Il s'agit d'une famille (comme l'est celle formée par Reed et Sue Richards, avec Johnny Storm le frère de cette dernière, et leur ami Ben Grimm), de savants (comme les Challengers et les 4F), appartenant davantage au genre de l'aventure qu'à celui du super-héroïsme.

Beaucoup d'auteurs revisitent fréquemment les grandes figures de la mythologie des comics, et même Alan Moore affirmait que le média se recyclait sans cesse et que les meilleurs scénaristes étaient ceux qui trouvaient un angle d'approche inédit (lui, par exemple, a imaginé Tom Strong en s'inspirant aussi de l'aventurier-explorateur-savant Doc Savage). Jeff Lemire s'en est même fait une sorte de spécialité dans ses oeuvres indépendantes (cf. Black Hammer et ses spin-off).

Ici, Peter J. Tomasi s'empare à son tour de ce concept et on peut facilement imaginer quel bon scénariste pour Fantastic Four il aurait fait. Mais en même temps, avec The Rocketfellers, il a toute la liberté possible pour s'amuser avec sa famille de génies déplacés dans le temps. Même, et c'est assez savoureux, s'il prend justement son temps.

Je ne le lui reprocherai pas, pour au moins deux raisons : son casting est fourni et on sent qu'il a à coeur de donner à chacun des Rocketfellers de la chair et de l'esprit. Bien entendu, il est aisé de deviner que son favori est Roland, le père de famille toujours accaparé par ses expériences dans son sous-sol, mais cela ne signifie pas que ses enfants, sa femme, et son père sont négligés.

Cet épisode en témoigne qui voit Rodney suivi, littéralement, par deux femmes de son âge dans son quartier, visiblement émoustillées par ce senior dans une forme étincelante. C'est aussi un rappel du fait que Rodney n'écoute toujours pas son fils et sa belle-fille qui lui ont demandé de ne pas en faire trop devant les autres, pour ne pas éveiller les soupçons sur son âge canonique (il a, rappelons-le, 125 ans !).

Quant à Rachel, on découvre enfin son métier : elle pilote un hélicoptère à bord duquel elle transporte Harry Dylan, un journaliste qui fait un point régulier sur le trafic routier. Celui-ci fait surtout des avances à Rachel qui se charge de le remettre à sa place de manière claire et nette. Quant aux enfants, le petite Rae pense toujours à sa grand-mère, tandis que l'incorrigible Richie dissimule ses propres trouvailles à sa famille...

Francis Manapul met tout cela en images avec toujours la même vivacité et le même soin. Ses découpages sont toujours aussi inventifs (vous en avez des exemples ci-dessus), mais jamais au détriment de la lisibilité. Surtout, l'artiste croque avec un plaisir communicatif ces saynètes tout en les sachant les lier au service de la narration.

Ainsi, malgré la légèreté de l'ensemble, il flotte constamment une tension sur l'histoire. Les Rocketfellers tentent de rester discrets, de faire profil bas, pour ne pas trahir leur situation, mais la réalité, c'est qu'ils sont constamment en décalage et risquent d'être remarqués. En premier lieu par Cronax, qui surveille les anomalies temporelles pour les retrouver.

Alors, oui, The Rocketfellers donne parfois le sentiment d'être trop anecdotique, et on aimerait bien que la menace soit plus pesante, que Cronax soit plus présent. Mais ce n'est que le troisième épisode... Et avec le cliffhanger qui le conclut, il se pourrait bien que les choses bougent rapidement...

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