Psylocke s'introduit chez Ty Haniver, le taxinomiste mutant qui l'a invitée, malgré les préventions de Shinobi Shaw. Elle perd rapidement contact avec Devon et John Greycrow et erre dans une maison-musée sinistre où le piège se referme sur elle...
Après avoir sauvé Cal Isaacs, un jeune garçon, de démons attaquant les mutants de la bourgade de Juneau, Magik se téléporte avec lui à Tokyo avec le projet d'empêcher une nouvelle incursion et de contrecarrer le plan de Liminal...
Alors, vous demandez-vous sûrement, pourquoi une seule critique pour deux épisodes de deux séries ? Hé bien, je pourrai d'abord prétendre que c'est pour gagner du temps. Mais c'est surtout parce que ça ne vaut pas la peine d'en perdre à parler de deux épisodes franchement décevants, pour ne pas dire carrément mauvais. Et qui résument en fait mon malaise face aux X-Men actuels.
Je vais être transparent : je pense arrêter toutes les séries mutantes que je suivais jusque-là, c'en est à ce point-là. Mais avant d'aller plus loin, je veux vous conseiller la dernière vidéo de Old School Comics sur YouTube. C'est souvent excellent, mais là, en plus, c'est parfaitement exprimé et, à deux-trois exceptions près, je partage entièrement son analyse.
Il a passé en revue les nouveaux numéros des mensuels X-Men de Panini Comics depuis le début de la traduction des séries chez nous (la vidéo dont je vous donne le lien concerne les exemplaires parus en Février). On peut déjà saluer le mérite parce qu'il s'est fadé des trucs pas possibles (comme Nyx ou Phoenix). Mais surtout il a pris le parti d'en rire au lieu de verser dans l'invective.
Une des réflexions qu'il fait et qui m'a frappé parce que je n'avais pas eu l'occasion d'envisager la relance X globalement, c'est la manière dont toutes les séries semblent s'adresser spécifiquement à un public : Dazzler, c'est pour les "Swifties" ; Wolverine et Uncanny X-Men pour les vieux lecteurs nostalgiques, Nyx pour les djeun's, etc.
Ce qui aboutit moins à des séries qu'à des produits ciblés. Bon, à la rigueur, pourquoi pas ? Les éditeurs veulent séduire des lectorats variés, ils commandent aux auteurs de viser cette tranche de la population... Mais quand c'est tout simplement mal écrit, ou pauvrement écrit, hé bien, la démarche tombe à plat : elle est purement opportuniste et le résultat laisse penser qu'on s'adresse surtout à des demeurés avec des dialogues indigents, des caractérisations affligeantes, des intrigues paresseuses.
Comme je le disais, je n'avais pas eu cette réflexion car je m'étais cantonné à quelques titres qui, isolément, pouvaient faire illusion. Et d'ailleurs, je ne crache pas dessus : j'ai bien ri avec X-Factor et j'ai apprécié la sensibilité de Exceptional X-Men par exemple.
Mais je doute que l'humour sarcastique de X-Factor puisse faire de la série un succès durable (car les personnages y sont vraiment traités comme des crétins et que, bon, Mark Russell, ce n'est quand même pas Keith Giffen et J.M. DeMatteis quand ils signaient Justice League International où il y avait aussi des énergumènes gratinés mais jamais écrits avec condescendance).
Quant à Exceptional X-Men, le dernier numéro (le #5) s'est achevé sur une note qui m'a franchement perturbé (spoiler : le fait que Thao accepte finalement de passer l'éponge sur les crimes de Kitty), et en vérité seule Carmen Carnero est indiscutable - et mériterait cent fois mieux que dessiner ça.
J'ai arrêté Uncanny X-Men, accordé un sursis à X-Force (sans grand espoir malgré tout). Le bilan n'est pas bon, tout simplement. Et on en arrive donc aux cas Psylocke et Magik. Et, c'est la douche froide. Car, là, pour le coup, à qui s'adressent ces deux séries, quelles sont leurs chances de durer ? Ne sont-elles pas en fait tout ce qui est la politique éditoriale de Tom Brevoort ?
Brevoort a été avant de prendre en main la collection mutante celui qui a dirigé la branche Avengers pendant presque vingt ans. Il a fait le job avec succès, chapeautant New Avengers de Bendis, Civil War de Millar, et multipliant les titres dans cette franchise (Secret/Dark/The Initiative/Mighty/Academy/Arena/Uncanny...).
Comme, en parallèle, les films du MCU construisaient sur grand écran l'incarnation des Avengers, c'était en quelque sorte aussi sa réussite qui se voyait consacrée. Et aujourd'hui, on voit clairement qu'il applique la même recette pour les X-Men, alors que Kevin Feige va devoir introduire les mutants dans le MCU.
Brevoort a fait le choix de tourner la page Krakoa des X-Men et donc, première conséquence, les personnages sont dispersés comme jamais, parfois de manière totalement artificielle ou inexpliquée, dans des zones injustifiés (l'Alaska pour l'équipe de Cyclope, la Louisiane pour celle de Malicia par exemple). Mais tout cela a une explication pragmatique : ça permet de générer des équipes un peu partout, avec des missions différentes, et de caser un max de personnages emblématiques à leur tête.
Le souci, c'est qu'on ne nous a pas dit pourquoi tous ces mutants qui ont vécu pendant cinq ans sur une île ne sont pas restés ensemble, cherchant un nouveau refuge, ou réinvestissant simplement leur école. Plus embêtant, dans le cas des séries dédiées à un personnage, on se trouve dans une situation baroque où les scénaristes justifient (ou pas) qu'ils aient des aventures solitaires.
Wolverine est peut-être le mieux loti puisque, dans sa série comme dans Uncanny X-Men, il est montré comme quelqu'un de las, fatigué, démotivé, n'aspirant qu'à se ressourcer en pleine nature sauvage. Mais pour Psylocke et Magik... Disons que c'est tout de même beaucoup plus léger : la première est mise à pied par Cyclope qui veut qu'elle se repose, et la deuxième part sauver des mutants sans que ses co-équipiers semblent concernés !
Alyssa Wong et Ashley Allen, scénaristes respectives de Psylocke et Magik, ont dû assister aux mêmes réunions éditoriales mais sans se demander si leurs intrigues se ressemblent. Parce que c'est tout de même assez troublant : Psylocke sauve des gamins mutants... Comme Magik ! Soit c'est le zeitgest, soit c'est du pompage.
Concernant les épisodes de ce mois-ci, Psylocke fonce dans la gueule du loup de manière complètement stupide, refusant l'aide Greycrow et persistant quand elle perd le contact avec Devon. Inévitablement, elle tombe dans une piège qu'elle a refusé de mesurer par pur orgueil - et l'orgueil n'est jamais loin de la bêtise.
Pour Magik, c'est encore plus crétin puisque son histoire la force à coopérer avec un gamin (décidément, elle fait tout comme Psylocke) qui, là, par contre, se montre réticent à l'aider (c'est un ado, il n'en fait qu'à sa tête, il est sûr de pouvoir régler tout tout seul, et il veut honorer la mémoire de sa mamy). S'ensuit une séquence très gênante de combat dans un concert de rock tokyoïte avec des démons et une descente littérale en enfer...
Ce n'est pas mauvais. C'est TRES mauvais. Il y a une vraie crise de talents chez Marvel, peu de scénaristes corrects, et beaucoup d'artistes tout juste passables. Mais dans le cas de franchise X, c'est la drame : on peut penser ce qu'on veut de Hickman, Duggan, Gillen Percy, Howard, Ayala, même Zeb Wells, mais ce qu'ils produisaient durant la période Krakoa avait quand même une certaine tenue.
En comparaison avec ce que livrent Jed MacKay, Gail Simone, Geoffrey Thorne, Eve L. Ewing, Stephanie Phillips, Lanzing et Kelly, Saladin Ahamed, c'est édifiant. Non seulement toutes les séries actuelles n'ont plus de colonne vertébrale (comme Krakoa, mais ça aurait pu être remplacé par autre chose, une cause commune, que sais-je ?), mais leur rédaction est misérable.
Psylocke est une idiote, Magik a perdu tout son sel. Les stars comme Malicia ou Cyclope sont ineptes. Et les créations originales manquent singulièrement de charisme et de caractère. Quant aux absents, on ne sait absolument pas où ils sont (les New Mutants notamment). Moi, je n'ai absolument rien contre la réinterprétation des personnages, des concepts, mais si c'est bien fait.
Et ce n'est clairement pas le cas. Jordan White avait ses défauts (et celui d'avoir réussi à exaspérer Hickman en voulant rallonger les étapes successives de la période Krakoa n'est pas le moindre), mais il tenait la baraque - on pourrait presque dire qu'il est mort avec ses idées. Mais l'idée de Brevoort, à part inonder le marché avec des séries sans queue ni tête, en pressant le citron jusqu'à la dernière goutte et en prenant les fans pour des gogos, c'est quoi ?
Oui, c'est quoi "From the Ashes - A New Beginning" ? Ce n'est même pas un point d'entrée idéal (comme promis) puisque si vous n'êtes pas au courant de la fin de Krakoa, vous n'allez rien piger. Ce n'est pas non intelligible par rapport à la situation des équipes, des persos qui les composent puisqu'on ne sait même pas pourquoi ils sont aux quatre vents.
Brevoort et ses auteurs flattent donc certaines cibles, sauf que les lecteurs les plus lucides verront très vite, via les dialogues, les caractérisations, que ça ne vole pas bien haut (au mieux), ou que c'est carrément nul (au pire).
Je ne vais pas aller plus loin, pour Psylocke et Magik, je n'ai plus envie de dépenser un sou pour ça. X-Factor va être impacté par l'event One World Under Doom que je ne vais pas lire et donc, terminé là aussi (de toute façon, le précédent numéro concluait heureusement le premier arc). X-Force, c'est fini aussi, je n'y crois pas assez. Exceptional X-Men me dérange trop sur son dernier épisode, même si je regretterai les planches de Carnero. Il vaut mieux arrêter les frais, trancher net.
Je ne vous conseille pas de tomber dans le panneau en achetant les mensuels Panini, qui sont extrêmement chers (32 E par mois) pour si peu de qualité. Comme pour ceux qui n'ont pas aimé la période Krakoa, attendez une nouvelle relance, qui finira par arriver tôt ou tard. Je sais ce que c'est que d'attendre, c'est pénible, tentant, frustrant. Mais mieux vaut ça que de dépenser de l'argent et du temps dans de mauvais comics.
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