vendredi 20 septembre 2024

EPITAPHS FROM THE ABYSS #3 (Jay Stephens & Leomacs / Corinna Bechko & Jonathan Case / Chris Condon & Charlie Adlard)


- A Hand in It (Jay Stephens / Leomacs) - Patricia Millicent travaille à la morgue. Mais son mari, Wade, finit par la quitter pour une autre femme. Intolérable ! Alors il doit mourir pour cela. Et Patricia a un tueur en série à sa disposition pour cela...


- Blood Type (Corinna Bechko / Jonathan Case) - N'oubliez pas d'emporter de la nourriture et surtout à boire quand vous êtes dans un canot de sauvetage avec une vampire...


- A Crossroads Repetition (Chris Condon / Charlie Adlard) - Le professeur Ben Richmonds donne une conférence sur le diable. Dans son auditoire, Saul Henry l'écoute avec attention - et pour cause : il a rencontré le démon et lui a vendu son âme...
 

Le revival des publications E.C. Comics par Oni Press semble avoir trouvé son public puisque l'éditeur va élargir sa gamme avec deux nouveaux titres : en Décembre paraîtra Shiver Suspenstories et en Janvier 2025 Cruel Kingdom. J'ignore encore quel éditeur en France s'emparera de ces mensuels pour les traduire mais vu les auteurs aux commandes, je doute que ça reste sans suite.

Pour l'heure, le troisième numéro de Epitaths from the Abyss propose trois nouvelles délectablement macabres. A commencer par A Hand in thisJay Stephens nous entraîne dans une romance d'un genre bien spécial. L'histoire de Patricia Millicent est racontée par un narrateur dont on apprendra l'identité qu'à la toute dernière page et je peux vous garantir que c'est un twist savoureux.

Ce que j'ai apprécié ici, c'est l'humour noir : femme trompée, Patricia élabore une vengeance redoutable avec la complicité du cadavre d'un terrible serial killer qui repose dans la morgue où elle travaille. Evidemment, c'est une très mauvaise idée, mais en vérité ne goûte-t-on pas ce type de récit pour voir à quel moment et dans quelle mesure le plan va déraper ?

Leomacs illustre ça avec son immense talent : ses personnages sont fabuleusement expressifs, aussi bien par les émotions qu'on peut lire sur leur visage que par leur gestuelle. Sans un dessinateur de cet acabit, nul doute que le sujet perdrait beaucoup de son efficacité.

Le deuxième segment, Blood Type, est encore meilleure : Corinna Bechko récidive et son histoire de vampire embarquée sur un canot de sauvetage avec les passagers d'un yacht pris en pleine tempête et dont elle vient de tuer le capitaine est onctueusement abominable. De quoi réviser le concept de survivalisme...

Jonathan Case dessine avec un style qui ne peut que faire penser au génial Jaime Hernandez (Love and Rockets). Le trait très ligne claire confère au récit une simplicité qui rend les événements encore plus glaçants. Là encore, la voix off s'avère très efficace, soulignant l'inéluctabilité du drame tout en en ricanant.

Enfin, le troisième chapitre, A Crossroads Repetition, voit le retour de Chris Condon, décidément très actif dans les revues ravivées par Oni Press. La figure du diable et de la croisée des chemins, via le bluesman Robert Johnson (ce musicien dont la légende dit qu'il vendit son âme pour connaître la postérité), n'a rien de spécialement original. Mais le scénariste brode surtout sur la circularité de la malédiction et évidemment le marché de dupe qu'on passe avec le Malin.

Artiste de la série The Walking Dead, Charlie Adlard s'amuse visiblement beaucoup à servir ce script soigné. Ses planches sont superbes, particulièrement dans la scène centrale. Le dessinateur nous prend par la main jusqu'au retournement de situation finale, remarquable. Du travail d'orfèvre.

J'ai toujours autant de plaisir à lire ces petites histoires sinistres et souvent marrantes à la fois. La qualité des auteurs et artistes est incontestable. Oni Press a réussi son improbable pari.

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