Arrivée en retard à un brief des X-Men, Psylocke se voit notifier par Cyclope sa mise au repos forcé. Elle passe la nuit avec son amant, John Grecrow. Le lendemain matin, un jeune homme qu'elle a sauvé, Devon, l'informe d'une vente aux enchères organisée par l'A.I.M. à Phoenix, Arizona...
Comme pour Dazzler (de Jason Loo et Rafael Loureiro), j'étais curieux de lire Psylocke. Cette fois, il semble bien qu'on s'embarque dans une série illimitée (si le succès est au rendez-vous), mais il est vrai que depuis son apparition dans Uncanny X-Men 256 (en 1989), le personnage a marqué les mémoires par son histoire complexe et son charisme.
En effet, et sans vous raconter toute son origine, à l'origine, Psylocke était le nom de code de Betsy Braddock puis Chris Claremont et Jim Lee orchestrent son remplacement par Kwannon, une autre jeune femme proclamant être Psylocke mais qui a une apparence asiatique après son passage sur le Siège Périlleux. Il faudra des années pour que d'autres scénaristes tirent cet imbroglio au clair en expliquant que Betsy et Kwannon sont deux personnes différentes et que Betsy rende son corps à Kwannon (Betsy étant récemment devenue la nouvelle Captain Britain, lors du run de Tini Howard et Marcus To sur Excalibur).
Fondamentalement, Psylocke est une ninja avec des pouvoirs mentaux, entraînée par la Main, et dotée d'un comportement violent (elle n'hésite pas à tuer). Depuis la relance de la gamme X par Tom Brevoort, elle fait partie de l'équipe de X-Men dirigée par Cyclope et basée en Alaska. C'est d'ailleurs là que débute ce premier épisode.
On apprécie en premier lieu de ne pas avoir à lire X-Men pour suivre Psylocke : Alyssa Wong, la scénariste, fait un remarquable travail pour rendre sa série accessible et poser les enjeux très vite. Mise au repos forcé par Cyclope, qui part en mission avec le reste de son équipe, Kwannon va passer la nuit chez son amant, l'ex-Marauder John Greycrow (qui lui aussi a donc du sang sur les mains et avec qui elle a noué une relation depuis la série Hellions de Zeb Wells et Stephen Segovia).
Wong en profite pour caractériser simplement mais efficacement Kwannon : après avoir rêvé à son enfance traumatisante, elle se confie à Greycrow en se demandant si elle n'est bonne qu'à tuer, si elle peut dépasser ce pour quoi on l'a dressée. La scénariste la rend donc attachante parce que, sous ses airs de dur-à-cuire, c'est une femme qui traîne son passé comme un fardeau.
On en a fait une tueuse, on a volé son corps pendant des années, elle fait partie d'une équipe dont le chef l'écarte pour la forcer à se reposer, ses collègues ne l'apprécient visiblement guère (Quentin Quire le premier), et son amant est un ancien nettoyeur.
On verra comment Alyssa Wong développera cela par la suite, mais cette entrée en matière est séduisante, surtout qu'elle vient juste après une introduction très musclée où Psylocke a sauvé une jeune fille des griffes de kidnappeurs alors même que son père est un farouche anti-mutant.
En fait, tout l'épisode repose sur la part d'enfance qui hante Kwannon : elle vient au secours d'une jeune fille, accepte la mission que lui déniche un ado qu'elle avait également sauvé précédemment, et elle intervient lors d'une vente aux enchères dont le prix est un trio d'enfants mutants. C'est certes basique mais Wong a le mérite d'avoir trouvé une accroche efficace qui lui permet d'alterner introspection et action.
La scénariste peut compter sur un excellent dessinateur pour la soutenir dans son entreprise puisque Marvel a enfin décidé de confier à Vincenzo Carratu un projet digne de ce nom (après lui avoir infligé des commandes pas folichonnes). Pour résumer et être le plus évocateur possible, Carratu est un émule de Pepe Larraz dont il a le style d'il y a quelques années (quand il illustrait Deadpool vs. X-Force ou Uncanny Avengers).
C'est la force des grands artistes que d'inspirer ses adeptes : voyez combien ont imité Immonen ou Coipel par exemple, comme avant eux tous les copistes de Jim Lee ou de John Byrne et encore plus loin Jack Kirby, Alex Toth et Milton Canniff. Il n'y a pas de honte à imiter les grands : au contraire, on apprend plus vite en les étudiant qu'en restant dans son coin à trouver son identité graphique. Ce qui compte en revanche, c'est de ne pas se cantonner à une imitation et à s'en affranchir pour creuser son propre sillon.
Je crois que Carratu n'en est qu'à ses débuts et ce qu'il montre dans ses pages ici prouvent, sans problème, qu'il a du potentiel. Son découpage est clair, ses compositions harmonieuses, ses personnages sont expressifs, il a une technique sûre, complète. C'est déjà beaucoup. Selon l'investissement qu'il mettra dans son travail et sa capacité à se dépasser, nul doute qu'il fera oublier ses ressemblances visuelles avec Larraz.
En tout cas, voilà une nouvelle série qui a du chien et une personnalité. Les fans devraient lui réserver un bon accueil et Psylocke devrait vivre de longues aventures.
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