jeudi 31 juillet 2025

JUSTICE LEAGUE : DARK TOMORROW SPECIAL #1 (of 1) (Mark Waid, Marc Guggenheim / Cian Tormey)


Plusieurs voyageurs temporels - Waverider, Extant, Epoch - sont tués par des démons oméga. Mais l'un d'eux, Legend, réussit à gagner notre époque pour demander de l'aide à la Justice League Unlimited. Or, Mr. Terrific et Atom examinent Gold Beetle, qui expérimente des déphasages temporels intraitables. Legend dispose d'un groupe de héros avec lequel il va sauver ses semblables et tenter de savoir d'où viennent les démons...


En Octobre prochain débutera la publication du nouvel event DC K.O., écrit par Scott Snyder et dessiné par Javier Fernandez. Cette histoire, qui se concentrera sur une sorte de tournoi des champions pour contrôler l'énergie oméga de Darkseid, provoquant une cassure temporelle et dimensionnelle, a été initié dans le crossover We Are Yesterday, écrit par Mark Waid.


Dans le dernier numéro de Superman (le 28, sorti la semaine dernière et dont j'ai parlé), le man of steel renoue avec la Légion des Super Héros, désormais corrompue par Darkseid. Et DC K.O. est, selon Snyder, un event dédié à Superman (comme Metal le fut à Batman et Death Metal à Wonder Woman). Restait à savoir le rôle que jouerait Mark Waid dans tout ça.


Ce one-shot est là pour nous l'expliquer, mais a de quoi quand même beaucoup frustrer. On comprend néanmoins qu'il s'agit d'un chapitre devant faire le lien entre We Are Yesterday, Superman et DC K.O.. Donc, difficile de s'en passer. Mais à quel point ? Il faudra attendre pour le savoir car l'ombre de Darkseid y plane discrètement et ce que ça doit annoncer de DC K.O. est plutôt nébuleux.


Ce qu'on sait donc avant de lire Dark Tomorrow : au terme de We Are Yesterday, le temps est brisé et plusieurs héros de plusieurs époques sont coincés dans la nôtre (d'époque), arrivés là parce que Airwave les a assemblés pour vaincre Gorilla Grodd et sa Legion of Doom. Cette fracture temporelle a déjà commencé à faire disparaître certains héros déplacés. 

Dans Superman #28, Superman, après avoir découvert la corruption de la Légion des Super Héros par Darkseid, est entraîné par le Time Trapper dans une dimension de poche où un allié l'attend, qui connaît aussi bien que lui la Légion (et ses faiblesses).

Curieusement, Waid et Marc Guggenheim (dont la contribution semble assez accessoire ici puisqu'il n'écrit rien actuellement chez DC) ne font que très peu référence à tout cela. Un peu à We Are Yesterday, mais sans plus. Par contre, j'ai comme l'impression que Waid ignore ce que Joshua Williamson écrit sur Superman car il n'y est fait aucune mention. 

Plutôt donc de jouer la synthèse et/ou la rampe de lancement pour DC K.O., Justice League : Dark Tomorrow Special poursuit les idées de Waid mais ne prépare pas tellement l'event de Snyder comme il affirme le faire. Le principe a toutefois l'avantage d'être simple : des voyageurs temporels sont tués par des démons oméga (donc en rapport avec Darkseid) et il faut sauver ceux qui restent.

Un nouveau personnage, Legend, surgit et la JLU lui prête quelques héros (dont certains des déplacés) pour cette mission mais aussi pour localiser la source de ces démons. L'équipe est très hétéroclite : Plastic Man, Marilyn Moonlight, Huntress, Batman Beyond, Jonah Hex, Amazing Man, Airwave, Gold Beetle.

Legend ressemble à une béquille scénaristique grossière : sa véritable identité demeure un mystère, et il est évident qu'il va jouer un rôle important pour la suite, mais en dehors de ça, son apparition a quelque chose de tellement providentielle que le personnage n'existe que pour le moment où on découvrira qui se cache sous son casque. Les paris sont ouverts (pour ceux que ça excite).

Tout ça est donc bien joli, parce que c'est dessiné par l'excellent Cian Tormey, dont on peut se demander ce qu'attend DC pour lui donner une série régulière (au lieu d'en faire dessiner douze par Dan Mora - et ses assistants anonymes...). Son style est simple, direct, efficace, et sa narration est au diapason. J'aime beaucoup ce qu'il fait, particulièrement ici avec un casting bien fourni et bien campé.

Mais le souci, c'est que ce one-shot se termine sur un cliffhanger bizarre (sans trop en dire, les héros restent coincés quelque part, donc quelqu'un s'emploie à ce qu'ils ne puissent pas revenir de leur mission et à notre époque). Est-ce que ce sera résolu quelque part ? A moins qu'on ait droit à un autre one-shot spécial ?

Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il y a un couac dans le DC All-In, mais c'est comme s'il y avait d'un côté Waid (et Guggenheim ici) et de l'autre Snyder et Williamson, sauf que le lecteur ne comprend pas le lien entre leurs histoires. C'est un problème quand un one-shot est vendu comme établissant ce lien...

mardi 29 juillet 2025

SILVERADO (Lawrence Kasdan, 1985)


Emmett, un cowboy qui vient de purger une peine de cinq ans de prison, est réveillé en sursaut dans la cabane où il dormait par trois hommes venus le tuer. Il les élimine et retient un de leurs chevaux puis part pour la ville de Turley où il doit retrouver son frère cadet, Jake, avec lequel il va rendre visite à leur soeur, Kate, son mari, JT, et leur fils Augie. Après quoi les deux frères comptent partir en Californie.


En route, Emmett trouve dans le désert Paden, laissé pour mort par deux bandits qui l'ont dépouillé de ses habits et de son cheval. Ils rejoignent ensemble un poste avancé de la cavalerie où Paden reconnaît un de ses agresseurs. Il se procure un revolver et l'abat. Mais alors qu'il va être arrêté, une vieille connaissance, Cobb, témoigne en sa faveur avant de lui proposer un travail, qu'il refuse. Arrivés à Turley, Emmett et Paden assistent à l'altercation entre Mal, un cowboy noir, et le barman raciste du coin. 


Le shérif Langston demande à Mal de décamper puis interroge Paden et Emmett sur leur présence ici. Emmett cherche son frère... Qui croupit en prison pour avoir tué un homme et il sera pendu demain. Paden reconnaît son deuxième agresseur et le tue, finissant dans la même cellule que Jake. A l'aube, Emmett incendie la potence pendant que Jake et Paden se débarrasse de leurs gardiens. Ils quittent tous les trois la ville, leur fuite étant couverte par Mal qui se joint à eux pour la suite de leur voyage jusqu'à Silverado où résident Kate, JT et Augie, et dont Cobb est le shérif...


Après avoir découvert le remake assez piteux des 7 Mercenaires, j'ai voulu revoir un western plus classique. En 1985, il y a donc 40 ans (ça ne me rajeunit pas...), j'ai découvert Silverado avec émerveillement dans le ciné-club de son collège. Je ne connaissais rien du scénariste-réalisateur, dont j'apprendrai plus tard qu'il fut la plume des Aventuriers de l'Arche Perdue (le premier Indiana Jones).


Mais j'étais sûr d'une chose après avoir vu Silverado, ce Lawrence Kasdan connaissait ses classiques et aimait sincèrement le western. Et par là, j'entends le western dans son classicisme le plus pur, celui de John Ford, de Howard Hawks. Quand Antoine Fuqua refait Les 7 Mercenaires, l'influence spaghetti est très présente. Pour Silverado, elle est absente. C'est un retour aux sources, aux basiques.


L'intrigue emprunte, à divers moments, à des films fameux : ici, Butch Cassidy et le Kid (quand les quatre héros fuient Turley) ; là La Rivière Rouge (quand ils croisent la route d'une caravane de colons)... Mais ces citations ne sont jamais de simples répliques, elles s'intègrent à l'hommage rendu par Kasdan et complètent l'histoire qu'il veut raconter.


Cette histoire n'a rien de révolutionnaire, c'est peut-être ce qu'on lui reprochera : jamais Kasdan et son frère Mark, qui co-signe le script, ne cherche à faire du neuf. Ou alors c'est du neuf avec du vieux. Mais si on regarde Silverado, c'est aussi pour cela, pour se replonger dans des motifs bien connus, pas pour chercher quelque chose qui prétend réinventer la roue.

A ce stade, si vous voulez le fond de ma pensée, le western a quelque chose de profondément enfantin, non parce qu'il est naïf (encore que...), mais parce que c'est un genre qui renvoie à l'enfance. Si vous êtes de ma génération, né dans les années 70, et que vous avez été biberonné aux films de cowboys, aux BD de cowboys, alors vous avez dû grandir avec le western à la télé.

Et sans doute, quand vous étiez môme, vous avez imité Clint Eastwood et sa démarche lasse, vous avez admiré la stature de John Wayne, l'air désabusé de Robert Mitchum, la dignité de James Stewart, le visage marmoréen de Charles Bronson, la coolitude de Steve McQueen, etc. Vous avez été ébloui par le grand canyon, les grandes prairies. Vous vous êtes entraînés à dégainer avec un revolver en plastique.

Le western a à la fois été réinterprété par les italiens et enterré par eux. Le genre est tombé en désuétude, mais de temps à autre on en voit un qui est produit, et parfois qui remporte un joli succès en salles. Malgré ça, les grands studios n'investissent plus dans les westerns, alors que si certains cinéastes s'en donnaient la peine, le genre renaîtrait sûrement, comme ce fut le cas avec le péplum ou les films de pirates ou de cape et d'épée.

Mais ce qui est à l'oeuvre, dans Silverado, c'est bien le souvenir du western chez Kasdan. Lui aussi a dû imiter ses idoles, et devenu un scénariste à succès et un cinéaste prometteur, il a investi le genre avec cette même candeur, cette nostalgie, cet amour d'enfance. Et il a mis dans son film tout ce qui lui plaisait dans le western, non pas comme un best of, mais en agrégeant autour d'une intrigue ses madeleines de Proust.

On trouve donc l'ancien pistolero qui a fait de la prison, son frère fantasque, le justicier au grand coeur, celui qui a dû être un ancien esclave avant la guerre de sécession, le shérif corrompu, le propriétaire terrien sans scrupules, la petite ville faussement tranquille... Il ne manque guère qu'un bon personnage féminin consistant pour compléter la galerie.

C'est d'ailleurs le point faible de Silverado : Kasdan imagine un femme de colon rencontrée en cours de route par les héros et courtisée par l'un d'eux après la mort de son mari. Elle a droit à une belle réplique sur la beauté d'une femme qui se fane alors que la terre qu'elle va cultiver deviendra de plus en plus belle. Mais c'est tout. On sent qu'il n'a pas su quoi faire d'elle et elle disparaît quasiment ensuite.

Malgré de petit point noir, Silverado se déroule pendant plus de 2h. sans qu'on regarde sa montre. C'est bien rythmé, élégamment filmé. Il y a des personnages bien caractérisés, de l'action, des péripéties, on ne s'ennuie pas. Et franchement, ça a très bien vieilli.

Scott Glenn est parfait en pistolero taiseux. Kevin Costner, pas encore star, est étonnamment déchaîné en frangin un peu couillon (mais fine gâchette). Kevin Kline est impeccable dans le rôle le plus étoffé du lot. Danny Glover (avant L'Arme Fatale) est excellent. Et Brian Dennehy en impose méchamment en shérif cruel. Jeff Goldblum hérite d'un personnage peu étoffé mais méprisable.

Rosanna Arquette est donc mal servie avec un rôle pourtant prometteur. Alors que Lynn Whitfield, dans la peau de la soeur de Glover, est superbe. Il faut aussi relever la présence de John Cleese (le shérif de Turley) qui donne ici la réplique à Kline avant leurs retrouvailles dans Un Poisson nommé Wanda.

Mention aussi à la superbe bande originale de Bruce Broughton.

Silverado a ce goût de dernière séance si délicieux. On a tous dix ans quand on le revoit et on attend de retrouver les copains pour rejouer les scènes de gunfight.

lundi 28 juillet 2025

LES SEPT MERCENAIRES (Antoine Fuqua, 2016)


1879. Bartholomew Bogue est un richissime homme d'affaires qui rachètent à bas prix des terrains pour étendre son empire foncier. Il s'en prend à Rose Creek, une bourgade à proximité d'une mine d'or, en incendiant l'église et en terrorisant les habitants à qui il donne trois semaines pour accepter son offre ou en payer le prix. Matt Cullen se révolte et est abattu par Bogue qui repart avec ses hommes de main. La veuve de Cullen, Emma, et son ami, Teddy, partent alors à la recherche d'hommes en mesure d'affronter Bogue contre le peu d'argent qu'elle possède. 


Elle convainc Sam Chisholm, un chasseur de primes, qui connaît Bogue de nom et a visiblement un vieux contentieux avec lui. Il enrôle Josh Faraday, un joueur ; Goodnight Robicheaux, un ancien tireur d'élite confédéré, et son ami Billy Rocks ; Vasquez, un hors-la-loi qui accepte de le suivre plutôt qu'être livré aux autorités ; et Jack Horne, un trappeur. En route, ils croisent Red Harvest, un indien comanche qui a fui la réserve où est parquée sa tribu.


Les sept mercenaires font rapidement preuve de leur efficacité en entrant dans Rose Creek quand le shérif Harp et ses adjoints, des hommes de Bogue, tentent de les désarmer. Ils se font tous tuer sauf Harp à qui Chisholm charge de livrer le message à Bogue comme quoi cette ville est désormais protégée. Emma et Teddy rassurent ensuite les habitants mais certains préfèrent quand même fuir par peur des représailles car Bogue va évidemment revenir, cette fois avec une armée de tueurs...


Décider de regarder ce remake des 7 Mercenaires de John Sturges n'a rien d'évident pour moi. En effet, ce western de 1960, lui-même adapté des 7 Samouraï (Akira Kurosawa, 1954), est certainement celui que j'ai le plus visionné. C'est celui qui m'a initié au genre, me l'a fait aimer. Et bien entendu, pour tout cela, il demeure indépassable à mes yeux.
 

Quand le remake réalisé par Antoine Fuqua est sorti il y a neuf ans, ça m'a fait doucement rigoler. Quelle audace d'oser toucher à ce totem ! Si bien que je ne m'étais pas déplacé en salles, certain de son échec artistique, de sa vanité même. Mais (presque) une décennie s'est désormais écoulée et j'ai eu le temps de me calmer. Et est venu le temps de vérifier si ça valait quand même le coup d'oeil.


Avec un script écrit par Richard Wenck et surtout Nic Pizzolato (le co-créateur de True Detective), je pouvais au moins espérer éviter le désastre complet. Par ailleurs Antoine Fuqua n'est peut-être pas un génie mais c'est un artisan solide, qui a su, en son temps, signer un excellent polar avec Training Day.


Et puis le casting réunit une belle brochette de très bons acteurs, avec à leur tête le toujours aussi charismatique Denzel Washington, un habitué de la filmo de Fuqua. Il est effectivement à la hauteur ici, plus sobre que souvent, très crédible dans son rôle, et ce n'était pas couru d'avance quand on sait qu'il passe après Yul Brynner qui avait si bien fait son boulot que son rôle dans le film de Sturges inspira celui du robot cowboy tout de noir vêtu dans Mondwest (Michael Crichton, 1973).

(Entre parenthèses, ç'aurait été marrant que Ed Harris, qui a repris le rôle dans la série Westworld, soit aussi au générique de ces Sept Mercenaires. Harris s'est par ailleurs illustré dans un autre magnifique western, qu'il a réalisé et joué, Appaloosa.)

Alors, qu'est-ce que ça vaut ? Comme prévu, j'ai envie de dire, cette version n'égale pas, et dépasse encore moins, celle de Sturges. Le scénario est plus direct, plus tranché. Au petit jeu des comparaisons, les mercenaires ne tombent pas dans un piège tendu par leur ennemi comme ceux de Sturges avec Calvera. Cela aboutit à un dénouement plus rapide.

Cependant, le film, malgré ce raccourci, est quand même plus long que celui de 1960 et j'y vois un énième argument contre ces montages actuels qui dépassent trop souvent et inutilement les 120'. Fuqua et ses scénaristes auraient pu mettre ce temps à profit pour creuser davantage la personnalité de leurs héros, mais ils restent plus sommaires que les originaux.

Fuqua a opté pour une équipe plus cosmopolite : Chisholm est noir, il y a un asiatique, un améridien, un mexicain. Vous remarquerez et considérerez qui sont les survivants parmi les sept après la bataille finale. Il est indéniable que parce que Fuqua est lui-même afro-américain et que son casting est plus ethnicisé que ces rescapés n'ont pas été choisis au hasard...

Par ailleurs, le script ajoute une dimension personnelle dans le différend qui oppose Chisholm à Bogue. C'est assez superflu, mais on devine là encore que c'est pour souligner le caractère héroïque d'un type qui est un chasseur de primes, alors que le film de Sturges rendait ses personnages admirables simplement par leur sens du sacrifice et de la justice sans occulter que c'étaient des guns for hire.

En revanche, ce qui est appréciable, c'est l'importance donnée au premier rôle féminin, avec la veuve Cullen. Cela ne semble jamais forcé. Pour le reste, les auteurs ont accompli une sorte de synthèse dans les références au film de 1960 : Robicheaux évoque le personnage de Robert Vaughn et de Brad Dexter, celui de Billy Rocks celui de James Coburn et Horst Bucholz.

Avoir intégré un comanche est habilement exploité. Le mexicain Vasquez n'a rien de particulièrement latino et manque de mordant pour un hors-la-loi. Le trappeur est certainement l'addition la plus efficace du lot, individu mystique, impressionnant physiquement, on peut penser qu'il a été imaginé pour remplacer celui incarné jadis par Charles Bronson, même s'il ne devient pas l'idole des enfants ici.

Chris Pratt tente vainement d'égaler Steve McQueen : mission impossible, d'autant plus que son gambler ne parvient jamais à susciter la tension qui exister réellement entre McQueen et Brynner (qui se détestaient dans la vie). Ethan Hawke est très bon dans la peau de Robicheaux, mais il n'est pas assez développé. Et surtout il dépend trop du duo qu'il forme avec Byung-hun Lee.

Martin Sensmeier est épatant en indien taciturne. Manuel Garcia-Rulfo est pas mal non plus en bandido débonnaire. Mais évidemment, c'est Denzel Washington et surtout Vincent d'Onofrio qui se taillent la part du lion : ce dernier fait de Jack Horne un colosse citant la Bible, assumant son passé de tueur d'indiens, un mercenaire tout à fait à part, qui vole littéralement toutes les scènes dans lesquelles il apparaît.

A noter que le projet, initié en 2012, prévoyait une distribution encore plus étincelante, avec Tom Cruise en leader, aux côtés de Matt Damon, Kevin Costner, Morgan Freeman et Jason Momoa. Mais entre le désistement de ce dernier et le retrait du premier, cette première tentative tomba à l'eau. Dommage, surtout si Costner avait en plus assumé la réalisation...

Bref, ce n'est pas si mauvais, mais ça manque d'intensité (à l'image du méchant joué par Peter Sarsgaard). On ne sent jamais de plus-value dans cette proposition, qui reste divertissante, mais trop frustrante pour être autre chose que dispensable. Je n'ai pas fini de revoir, avec plus de plaisir, Les 7 Mercenaires de 1960 (et je vous conseille de faire pareil si vous aimez les westerns).

dimanche 27 juillet 2025

SACRAMENTO (Michael Angarano, 2025)


Rickey vient de perdre son père, atteint d'un cancer, et part camper au bord d'une rivière. Sur la rive opposée à celle où il s'est installé, une jeune femme, Tallie, lui fait signe. Ils font connaissance et deviennent amants. Un an passe. Glenn est l'ami d'enfance de Rickey et sa femme, Rosie, est enceinte de huit mois. La perspective de devenir père l'angoisse, même s'il essaie de le cacher et que sa compagne lui a assuré qu'elle subviendrait à leurs besoins après l'accouchement car il risque de perdre son travail.
 

C'est alors que Rickey débarque chez Glenn. Il ne lui dit pas qu'il vient de passer plusieurs mois à l'hôpital psychiatrique pour une dépression nerveuse. Glenn est réticent à l'idée de renouer avec lui, surtout en ce moment car il ne veut pas laisser Rosie toute seule. Mais quand il voit que Rickey a racheté et retapé la vieille décapotable dans laquelle ils se déplaçaient autrefois, il ne résiste pas au projet de son ami d'aller faire un tour à Sacramento pour y répandre les cendres du père de Rickey.


Durant le trajet, Glenn reste en contact avec Rosie qui s'est renseignée et a appris que le père de Rickey n'est pas mort il y a un mois comme il le raconte mais il y a un an. Une fois arrivés à Sacramento, les deux hommes rencontrent deux filles qui tiennent une salle de sport et qui leur servent de guides. Le lendemain, Glenn confronte Rickey à ses mensonges et l'oblige à avouer pourquoi ils sont là...  


Pour son premier film comme réalisateur (mais également co-scénariste aux côtés de Chris Smith et de producteur), Michael Angarano a réuni autour de lui ses amis et son épouse. Lui-même venait d'être père avant le tournage et il témoigne d'une façon originale et touchante des peurs et des espoirs de ce nouveau rôle.
 

En effet, on va apprendre que la situation de son personnage, Rickey, n'est pas éloignée de celle de son ami, Glenn : il a rencontré Tallie un an avant leurs retrouvailles et il a appris entre temps qu'elle avait eu un enfant dont il est le père. Il embarque donc Glenn dans une virée à Sacramento non pas pour répandre les cendres de son père mais pour qu'il le soutienne dans une autre épreuve.


Après avoir soigné sa dépression nerveuse, Rickey se sent prêt à assumer sa paternité mais sans vouloir s'imposer à Tallie. D'ailleurs, elle lui réserve un accueil prudent, assurant qu'elle se débrouille bien toute seule (même si elle manque affreusement de sommeil) et ayant toujours eu la certitude que Rickey disparaîtrait de sa vie après leur rencontre.


L'histoire de Rickey, déjà père mais absent, fait écho à celle de Glenn, qui va devenir père et que cette perspective effraie, alors que Rosie, sa compagne, appréhende ce bouleversement existentiel avec beaucoup plus sérénité (du moins en apparence - en vérité, elle s'occupe déjà d'un grand gamin en la personne de Glenn).

Le film est court (90') et va à l'essentiel tout en s'autorisant à flâner. Le voyage en lui-même voit Glenn apprendre le mensonge de Rickey et composer avec pour savoir jusqu'où cela va le mener et à quand son ami lui dira enfin la vérité sur ce déplacement. Lorsque Rickey répand les soi-disant cendres de son père (en fait un peu de terre ramassée sur le bord de la route lors d'une halte), les masques tombent.

Mais Michael Angarano traite cette scène pivotale avec humour autant qu'il aborde le reste avec subtilité. L'échange avec Tallie, le kidnapping du petit Ray (le fils de la jeune femme et de Rickey) par Glenn (qui estime que la mère n'est pas bonne dans ce rôle), la poursuite (brève mais haletante qui s'ensuit) sont à la fois drôles, inattendues, et loufoques.

On sent bien que le cinéaste veut témoigner de sa propre expérience tout en voulant prouver qu'il a su prendre du recul et pourtant, ce qui fait toute la différence, c'est la sincérité avec laquelle il en parle. Devant son objectif, les deux hommes sont décrits comme des lâches, des trouillards, alors que les femmes sont fortes, rassurantes.

C'est un film indépendant, tourné avec un budget dérisoire, mais qui ne fait jamais fauché. La photographie est belle, le rythme est impeccable, c'est un premier effort très abouti et qui donne envie de voir où Angarano ira quand il repassera derrière la caméra. Il a de la personnalité, de la sensibilité, et un vrai talent pour raconter une histoire et faire jouer ses acteurs.

Lui-même s'est octroyé le rôle de Rickey et il donne à ce paumé une irrésistible sympathie. Malgré ses défauts, il n'est jamais méprisable, simplement humain. Face à lui, Michael Cera excelle dans le rôle de Glenn, toujours à vif, incapable de prendre du recul sur les événements mais attendrissant dans sa fébrilité et ses maladresses.

Pourtant, ce sont bien les deux femmes du récit qui l'illuminent. On les voit moins à l'image mais chaque fois qu'elles apparaissent, on ne voit qu'elles. Maya Erskine, la propre épouse de Angarano, est superbe de détermination et de fatigue mêlées. Quant à Kristen Stewart, elle est comme toujours formidablement, radieuse comme jamais.

C'est un joli petit film, sans prétention mais avec beaucoup de délicatesse.

MOON KNIGHT : FIST OF KHONSHU #10 (LEG #250) (Jed MacKay / Devmalya Pramanik)


Achilles Fairchild s'est offert les services de plusieurs ennemis de Moon Knight, dont certains ont réussi à le vaincre par le passé. C'est en prévision de l'assaut que le héros lance sur l'immeuble où s'est retranché son ennemi. Mais Moon Knight n'est pas venu seul et il est résolu à en finir...

Ce dixième épisode de Moon Knight : Fist of Khonshu est également le 250ème numéro toutes séries confondues des aventures du chevalier de la lune. Ne nous fatiguons pas à comptabiliser comment Marvel est arrivé à cette conclusion et savourons plutôt ces quelques quarante pages pour fêter cette espèce d'anniversaire dans le run exceptionnel écrit par Jed MacKay.


Il était inconcevable que le scénariste ne soit pas accompagné par son meilleur artiste pour l'occasion et donc réjouissons-nous que Devmalya Pramanik soit présent pour nous offrir des planches encore une fois extraordinaires. Si on peut s'étonner qu'aucun auteur ou artiste n'ait été invité pour participer à cet épisode, le résultat se suffit à lui-même.


Qui plus est, pour tous ceux qui aiment les épisodes bourrés d'action, c'est un vrai festival. On a pu assister depuis dix mois au retour de Moon Knight et à sa chute orchestrée par un certain Achilles Fairchild, trafiquant de drogues qui a corrompu une policière, a une garde du corps redoutable, a détruit la Mission de Minuit (le QG de Moon Knight) et a fait du justicier un fugitif.


Une sorte d'arc narratif géant qui trouve son climax ce mois-ci. C'est l'heure pour les deux adversaires de régler une bonne fois pour toutes leurs comptes. Et donc, on va avoir droit à une baston épique dans une immeuble investi par Moon Knight et ses alliés (Hunter's Moon, Tigra, Eightball, Reese, Soldier) et protégé par une horde de super mercenaires engagés par Fairchild.


MacKay n'a pas cherché à faire dans la subtilité mais plutôt à récompenser le lecteur après des mois d'attente et un enchaînement d'épisodes brillants mais douloureux pour Moon Knight. On a donc droit à une collection de combats que Pramanik anime avec une énergie et une inventivité prodigieuses qui ravira tout un chacun.

Il ne faut surtout pas bouder son plaisir : l'action fait partie intégrante des comics super héroïques et on en a ici pour son argent. Les affrontements sont disputés et spectaculaires, chaque partenaires de Moon Knight a l'occasion de briller, parfois de manière inattendue (comme lorsque Reese et Soldier, deux vampires, croisent Cubist).

Pour autant, MacKay ne néglige pas l'histoire qu'il doit conclure (même si ça ne signifie aucunement que la série s'arrête, je vous rassure). Les dernières pages, sans rien vous en dévoiler, vont frustrer Moon Knight et voir réapparaître un de ses méchants iconiques, qui avait refusé de se joindre à l'armée de Fairchild.

Magnifiquement mis en images, et superbement conduit par une écriture hyper efficace, ce 250ème n° de Moon Knight honore la série et gratifie le lecteur de morceaux de bravoure, tout en continuant à servir un run appelé à rester dans les annales. Chapeau bas !

samedi 26 juillet 2025

ABSOLUTE MARTIAN MANHUNTER #5 (of 12) (Deniz Camp / Javier Rodriguez)


Middleton est plongée dans le noir suite à une panne d'électricité et de gaz provoquée par des attentats. La ville plonge dans le chaos. John Jones et le martien patrouillent en s'interrogeant sur la part d'ombre en chacun des habitants. Les gens commettent des vols, des meurtres, ou se calfeutrent chez eux. John craint pour sa femme, Bridget, et leur fils, Tyler. Jusqu'à ce qu'il soit séparé du martien...
 

A la fin du précédent épisode, on assistait à plusieurs attentats qui provoquaient un blackout total dans la ville de Middleton au moment même où John Jones était mis à la porte de chez lui par sa femme Bridget qui ne supportait plus son étrange comportement et son absence du domicile conjugal. Littéralement, la vie du héros et sa ville plongeaient dans le noir et l'inconnu.


Cet épisode prend la suite directe de ces événements. Deniz Camp s'amuse à brouiller les pistes. La panne semble durer depuis des jours (des semaines ?) et revêt un caractère surnaturel. Les ombres semblent s'animer, les esprits s'échauffer, et même la vision martienne dysfonctionne. Le lecteur éprouve la désorientation totale du héros et de son étrange partenaire.


Tous ces éléments participent à la création d'une ambiance très intense où le pire semble sur le point de se produire à chaque coin de rue. Les plus prudents ou peureux s'enferment chez eux. Mais des individus, comme possédés, commettent des atrocités; Certains, malgré tout, embrassent cette nuit pour le meilleur, comme les enfants ou les amoureux.


Il n'y a plus vraiment de récit, plutôt une succession de saynètes, la plupart inquiétantes. Malgré tout, il y a une forme d'humour qui s'en dégage. Comme si, face au désespoir, c'était la seule issue. Le seul crime sur lequel enquête John Jones est le meurtre d'un chien dont la propriétaire se désole de l'avoir laissé sortir prendre l'air. Dérisoire.

Une forme de féérie aussi. Au détour de sa patrouille, John passe devant un parc où jouent des enfants insouciants et s'embrassent des amoureux. Ces derniers sont en train d'étreindre leur propre ombre, comme une métaphore d'un amour caché, clandestin, voué à rester dans la nuit. C'est très poétique, d'une délicatesse infinie. Quelque chose de rarissime dans les comics super héroïques.

John ne peut donc guère s'appuyer sur le martien dans sa déambulation même l'extraterrestre peut garder un oeil à distance sur Bridget et Tyler, la femme et le fils de l'agent. Celle-ci tient un fusil dans ses mains, tout en berçant son enfant. La tension est palpable. Quand elle fait quelques courses dans une supérette, son fils chaparde une boîte de gâteaux dans lesquels on a injecté du poison...

Sur la fin, un accident se produit, aux conséquences multiples : Deniz Camp opère une liaison directe avec Darkseid après avoir joué sur les mots (John Jones s'interroge sur les côtés sombres - "dark sides" - des humains). Mais surtout il met en scène la séparation de John et du martien à un moment particulièrement dramatique pour le premier.

Javier Rodriguez connaît-il des limites dans l'imagination avec laquelle il met cette histoire en images ? Chaque épisode est une nouvelle occasion d'être ébloui par les trouvailles de son découpage, les merveilles de ses compositions, la variété de sa palette de couleurs. Ici, encore une fois, c'est un véritable festival.

L'artiste espagnole fait feu de tout bois en jouant avec les ombres, la dominante de la couleur bleue, les enchaînements de plans, les transitions. La majorité de l'épisode est découpée avec des cases qui occupent toute la largeur de la bande, conférant une dimension très cinématographique à l'ensemble. Pourtant, ce qu'en tire Rodriguez, c'est de l'art séquentiel pur.

Comme le défendait Alan Moore qui n'a jamais supporté aucune des adaptations de ses comics au cinéma, la BD a un langage propre auquel le 7ème Art n'ajoute rien. Une bonne BD se suffit à elle-même quand elle est inventive, audacieuse, bien racontée. Ce qu'on peut en revanche adapter dans un autre média, c'est moins ce langage que l'histoire.

Et c'est ce que met en pratique Rodriguez en créant des planches qui ne seraient en rien améliorer que ce soit dans un film d'animation ou un long métrage en live action. Ses dessins sont excellents parce qu'ils parlent le langage du 9ème Art. Même en le transposant le plus fidèlement, il n'y aurait aucune plus-value narrative.

Absolute Martian Manhunter fait vraiment honneur à sa bizarrerie et à son média, et la complémentarité entre l'écriture brillante de Camp et le génie visuel de Rodriguez en sont la preuve la plus accomplie.

vendredi 25 juillet 2025

WE ARE YESTERDAY : EPILOGUE - JUSTICE LEAGUE UNLIMITED #9 (Mark Waid / Dan Mora)


Les membres de la JLu ne savent pas comment renvoyer les héros rassemblés par Airwave à leur époque et dans leur univers respectifs. Le Time Trapper et le World Forger surgissent alors pour proposer une issue pour le moins choquante... Cependant, Mr. Terrific et Blue Beetle cherchent, eux, un moyen de localiser et ramener Airwave... Mais quid de Superman, Batman et Wonder Woman ?


Bon, je crois que cette fois la messe est dite : ce sera certainement mon dernier épisode de Justice League Unlimited. Et d'ailleurs, petit spoiler d'entrée de jeu : à la dernière page de ce 9ème épisode, la trinité DC (Batman, Wonder Woman, Superman) se réunit dans le premier quartier général de la Justice League et Batman déclare que la JLU était sans doute une erreur...


Bon, vous me direz, et vous n'aurez pas tort, que c'est une vieille et grosse ficelle pour faire tressaillir le lecteur le plus candide que de lui faire croire que l'aventure est déjà sur le point d'être finie, que tout ça c'était trop beau/trop gros pour être vrai, que ça ne pouvait pas durer... C'est un peu comme l'ère Krakoa des X-Men.


Sauf que DC est quand même globalement plus inspiré depuis quelques années que Marvel, qui a tué la poule aux oeufs d'or pour un relaunch affligeant. Donc, non, je ne crois pas que Justice League Unlimited va se terminer si tôt. Par contre, il serait souhaitable que Mark Waid se sorte les doigts et commence à écrire vraiment cette série de façon décente.


Mais en a-t-il l'inspiration ? On peut en douter quand on voit ce qu'il a sorti en neuf mois. Des premiers épisodes laborieux et surpeuplés, un crossover calamiteux (dont c'est ici l'épilogue - hé oui, quand y en a plus, y en a encore...), et tout ça pour aboutir à un bordel dont tous les autres auteurs se contrefichent. Le prochain event DC ne poursuit absolument pas ce qui se passe dans Justice League Unlimited...

S'il fallait trouver un titre avec lequel comparer JLU, ce serait Superman Unlimited. A se demander si le qualificatif Unlimited ne porte pas malheur... Mais toutefois est-il que, comme Slott, dont l'idée pourtant conséquente, n'a été suivie par personne chez DC, ce qu'écrit Mark Waid pour la JLU semble tout aussi ignoré par ses collègues.

Pour résumer, on dira donc (spoiler bis) qu'à la fin de We are Yesterday, Airwave, qui avait trahi la JLU avant de se rendre compte que Gorilla Grodd avait abusé de sa naïveté, a pour contrer ce dernier et sa Legion of Doom fait appel à plusieurs héros issus du multivers. Il a fait son marché un peu partout : Metal, Batman Year Zero, Flash Year One, Batman Beyond, Abin Sur, Jonah Hex...

Un vrai gloubi-boulga. Problème : Airwave a mis K.O. Grodd mais l'énergie oméga qui les liait l'a fait disparaître... Et a coincé les héros qu'il a recrutés dans la tour de guet de la JLU, incapable de les renvoyer chez eux. Pendant que Mr. Terrific et Blue Beetle (Ted Kord) tentent de ramener Airwave, les autres tentent de calmer les déplacés.

Sur ce le Time Trapper et le World Forger (apparu dans le run de Scott Snyder sur Justice League) se pointent et ont une solution pour corriger la situation qui est encore plus grave que prévu puisque le temps est brisé et menace tout le multivers - d'ailleurs des héros déplacés commencent à disparaître... Pour réparer ce merdier, il faudrait disséquer Grodd pour rediriger l'énergie oméga !

Evidemment la JLU n'est pas d'accord mais Grodd propose une alternative et se barre avec le Time Trapper et le World Forger. Dans le chaos qui s'ensuit, des héros déplacés se font la malle de la tour de guet... Si vous avez la migraine, c'est normal. Respirez, prenez une aspirine, attendez que ça agisse et revenez finir de lire cette critique (ou pas).

Comme je le disais, c'est un vrai fouillis dont on ne sait vraiment pas ce que Mark Waid cherche à faire. Mais bon, c'est presque secondaire puisqu'aucun autre scénariste chez DC n'a l'air de vouloir s'en mêler. Du coup, pourquoi ne pas laisser ce bon vieux Waid s'amuser avec le bazar qu'il a créé et voir comment il va s'en sortir ? 

Les histoires avec un casting pléthorique, il a déjà fait et ça s'appelait Kingdom Come, un chef d'oeuvre. Mais c'était il y a 30 ans. Waid peut-il réitérer l'exploit et en sortir par le haut en dénouant ce sac de noeuds ? Franchement, qu'il me soit permis d'en douter, ne serait-ce que parce que le postulat de Kingdom Come était tout de même bien plus simple, intense et efficace.

C'est comme si, ici, tout était fait à l'envers. Justice League Unlimited, c'est un concept qui en vaut un autre mais je le trouve affreusement mal développé depuis le début : Waid privilégie de montrer une équipe hyper fournie, ce qui nuit à la caractérisation et où les personnages les plus inattendus ressemblent plutôt à des gadgets pour justifier que l'équipe compte une infinité de héros.

Ensuite, on a eu droit donc à de premiers épisodes qui n'étaient pas très palpitants, tout ça pour nous révéler que les grands méchants étaient la Legion of Doom et arriver à un crossover qui n'a jamais réussi à décoller. Et maintenant, on se retrouve avec encore plus de personnages (alors que ce n'était déjà pas concluant) et une situation qui vire à l'absurde.

Ce qui n'est finalement pas étonnant et rendrait presque heureux, c'est que les meilleures scènes de l'épisode (et de la série en général) sont celles qui privilégient deux-trois personnages max. Là, Waid les écrit bien, comme ici le sauvetage de Airwave par Mr. Terrific et Blue Beetle. Mais dès qu'on retombe dans la foule de la JLU, tout s'évapore.

Et quand on parvient à cette dernière page avec la trinité et Batman qui dit que la JLU était sans doute une erreur, comment ne pas abonder dans son sens ? C'est à tout le moins une erreur narrative car Waid n'y arrive tout simplement pas. Il ne fait rien de ce concept, sinon quelque chose de laborieux, de poussif, de creux alors qu'on espérait de l'épique, de l'intense, du super super héroïque.

Bizarrement, ça me fait penser à du Mark Millar, sauf que lui, avec ce genre d'idées, en aurait fait quelque chose de fun, bourrin, simpliste, mais efficace, direct. Une sorte de grand raout. Mais Waid, je ne sais pas ce qu'il fait ici, je ne comprends pas. Il en a déjà par-dessus la tête et il en rajoute encore ?! Non mais allô, quoi ?!

Dan Mora, je suis désolé de le dire aussi durement, est nul aussi là-dedans. DC tient avec lui une sorte de machine à dessiner (au point que ça en devient suspect : le bonhomme va dessiner un tie-in de DC K.O. et franchement, je n'arrive plus à croire qu'il puisse faire autant de trucs simultanément, il doit avoir un clone ou des assistants, mais il est littéralement partout).

Mora réussit, lui aussi, à briller dans les scènes avec Terrific et Beetle. Mais le reste du temps, ses pages ne sont rien d'autre que des cases avec un millier de personnages, sans composition accrocheuse, sans valeur de plan pertinente, sans découpage élaboré. C'est désagréable à lire parce que ça ne raconte rien, c'est du dessin au km, sans aucune âme.

Je sors de cette lecture déprimé. C'est déplaisant, malaisant même. Un scénariste en roue libre. Un artiste sans idée. Une série sans esprit. C'est comme si DC, par ailleurs si divertissant, ne savait pas produire une série d'équipe. Et spécialement JLU qui ressemble moins à une mauvaise idée qu'à une série confiée aux mauvaises personnes.

SUPERMAN #28 (Joshua Williamson / Dan Mora)


Conscient que le futur proche réserve de sombres surprises, Superman se rend à Smallville pour y récupérer sa bague de la Légion des Super-Héros avec laquelle il veut entrer en contact. Mais il va rencontrer une Saturn Girl corrompue par Darkseid...


Ce 28ème épisode ouvre un nouvel arc qui va mener au prochain event DC intitulé DC K.O. et qui sera écrit par Scott Snyder et dessiné par Javier Fernandez pour une publication en cinq parties à partir d'Octobre prochain. Joshua Williamson s'occupera des tie-in de cet event où Superman tiendra le premier rôle dans une sorte de Battle Royale super-héroïque.


Snyder et Williamson, qui sont un peu les architectes de DC All-In depuis le one-shot du même nom paru après Absolute Power, ont préparé leur coup depuis un bon moment donc. Et Williamson va se charger de plonger Superman dans le feu de l'action, à commencer par, ce mois-ci, sa rencontre avec la Légion de Darkseid.


L'histoire de Superman et de la Légion des Super-Héros ne date pas d'hier : cela remonte au Silver Age et aux années 50 quand Superboy rencontrent des héros du XXXIème siècle qui se sont regroupés en s'inspirant de ses exploits au XXème siècle pour faire régner l'ordre et la justice dans tout l'univers. Le jeune Clark Kent aura même le béguin pour la belle télépathe Saturn Girl.


Depuis, malgré les reboots successifs du DCU, c'est resté une constante dans le grand roman de Superman et il apparaît certain que DC veut relancer une série sur la Légion en 2026 (sans qu'on sache qui en aura la charge - mais l'éditeur serait bien inspiré de se rappeler qu'un certain Jonathan Hickman en rêve...).

Dans le n° spécial DC All-In, on découvrait à la faveur d'une double page centrale que Darskeid avait corrompu la Légion - ou du moins une Légion, dont les membres arboraient désormais tous sur leur poitrine le signe oméga distinctif de l'ancien maître d'Apokolips. Et ces légionnaires surveillaient Superman en s'interrogeant sur ce qui en faisait un adversaire redouté par leur chef.

Superman, lui, de son côté, a eu l'occasion également de deviner que le ciel s'assombrissait à l'horizon, depuis le mariage de John Henry Irons et Lana Lang (dans le one-shot Summer of Superman Special - j'ai dédié des critiques à tous ces one-shots). Et il veut être prêt quand une nouvelle menace apparaîtra. C'est pourquoi il décide de recontacter ses amis du XXXIème siècle...

Joshua Williamson expose clairement les faits sans jamais s'empêtrer (comme Mark Waid) dans ce que suppose un récit avec des éléments de différentes temporalités et dimensions. Je ne sais pas encore si je suis assez motivé pour écrire sur Justice League Unlimited #9, sorti ce même Mercredi, mais quand on compare les deux séries, on est surtout saisi par l'aisance de Williamson et la maladresse de Waid.

Dans les deux titres apparaît aussi le Time Trapper/Doomsday que Williamson a eu la sagesse d'introduire dans un arc précédent et qui avait mis en garde Superman sur un avenir proche dangereux pour lui et ceux qu'ils aimaient. Mais là encore Waid l'utilise de manière très opportune et mécanique quand Williamson en fait un acteur moins providentiel.

Enfin, cet arc marque le retour au dessin de Dan Mora. Et on ne peut encore une fois que constater à quel point il est bien plus à son avantage quand il anime une série avec un seul héros plutôt qu'avec une équipe. Ses planches y gagnent en lisibilité, en fluidité. Et puis il maîtrise tellement bien le personnage de Superman.

Son découpage est toujours aussi alerte mais la composition de ses plans est infiniment plus adroite, équilibrée. Il n'est pas submergé par une foule de figurants qui nuise à ses images et l'oblige à illustrer des combats brouillons. Ici, par exemple, Superman est manipulé psychiquement par Saturn Girl et Mora traduit parfaitement ce qu'elle veut lui faire croire et le désarroi du man of steel.

Evidemment, je comprends que DC réserve un artiste aussi productif que Mora pour un team book, mais j'aimerai tant qu'il reste sur Superman et lâche Justice League Unlimited, en profitant au passage de scripts bien meilleurs. On verra si, effectivement, l'an prochain, Mora s'en tient, comme il l'a dit, à une seule série mensuelle - et laquelle ce sera.

En attendant, cette nouvelle histoire de Superman s'annonce intense et jubilatoire. Et je dois avouer qu'en dépit de son pitch bien bourrin, je suis excité par DC K.O..

jeudi 24 juillet 2025

SUPERMAN (James Gunn, 2025)


Trois jours après avoir empêché l'invasion du Jarhnapur par la Boravie, Superman est attaqué par le Marteau de Boravie à Metropolis et subit sa première défaite. Il atteint difficilement l'Antarctique où se trouve sa forteresse de solitude avec l'aide de son chien Krypto. Exposé au rayonnement solaire, il se rétablit et retourne à Metropolis où le Marteau de Boravie le met une fois encore au tapis et prévient que plus aucune intervention extérieure ne sera tolérée.


Mais le passage de Superman en Antarctique n'est pas passé inaperçu : l'Ingénieur, une métahumaine au service de Lex Luthor, a pu localiser la forteresse de solitude où son patron s'introduit. Les robots qui gardent l'endroit détruits et Krypto maîtrisé, Luthor vole l'enregistrement de ses parents biologiques morts dont la seconde partie a été endommagée et que l'Ingénieur parvient à restaurer. A Metropolis, Clark Kent accepte d'être interrogé par Lois Lane sur ses activités en tant que Superman. Mais l'interview se passe mal quand elle le confronte aux conséquences de ses actions.


Le lendemain, un kaiju dévaste la ville et Superman en vient à bout avec l'aide du Justice Gang, composé de Mr. Terrific, du Green Lantern Guy Gardner et Hawkgirl. Mais le combat terminé, les médias diffusent l'enregistrement des parents de Superman révélant qu'ils l'ont envoyé sur Terre pour dominer la race humaine. La population est révoltée et effrayée mais Superman comprend que Luthor a dû entrer dans sa forteresse pour avoir ces informations. Quand il constate que Krypto a été enlevé mais aussi que le gouvernement a lancé un mandat d'arrêt contre lui, il préfère se rendre pour retrouver son chien...


J'ai (enfin !) pu voir Superman en salles hier après-midi. Mais avant d'aller plus loin, évacuons tout de suite l'éléphant dans la pièce, à savoir la comparaison avec la précédente version du personnage par Zack Snyder dans Man of Steel, dont les fans toxiques se sont faits un devoir de démolir le film de James Gunn - avant de le voir et même en annonçant ne pas vouloir le voir !


Je n'ai pas apprécié Man of Steel (ni Batman v Superman, ni Justice League). Mais j'apprécie encore moins les trolls qui, sur les réseaux sociaux, se sont appropriés ces films pour dénigrer tout ce qui est entrepris aujourd'hui par James Gunn et Peter Safran. Ces gens-là n'ont tout simplement rien compris au personnage de Superman dont le message vante la tolérance et la mesure face à la haine.


Je n'empêche personne d'aimer Zack Snyder et de ne pas aimer James Gunn, quand bien même les deux cinéastes se connaissent bien et s'apprécient. Je dis juste que je n'aime pas la vision de Superman par Snyder et son exploitation par les trolls qui sont de sombres abrutis intolérants, hargneux, et qui n'ont pas dû lire beaucoup de comics Superman.


Ceci étant dit, passons au film de James Gunn. Je ne vais pas faire durer le suspense : je l'ai beaucoup aimé, je l'ai même adoré. Il a des défauts, mais l'ensemble est jubilatoire. Surtout, je dirai qu'il a du coeur. C'est le film d'un authentique amoureux du personnage, particulièrement dans son itération du Silver Age, avec sa science-fiction délirante, et une forme de candeur assumée.

Gunn s'est largement exprimé sur ses références et ses objectifs avec ce film, qui doit permettre au DCU sur grand (et petit) écran d'être à nouveau attractif. Ce que j'ai particulièrement retenu, c'est que Gunn et son partenaire Peter Safran refusent de donner le feu vert à un film tant que le scénario ne leur convient pas et qu'il n'est pas terminé avant le tournage.

Cela n'a peut-être l'air de rien mais quand on sait le nombre de superproductions qui démarrent leurs prises de vue alors que le script ne cesse d'être remanié, ce n'est pas un détail. Imaginerait-on une BD qui n'aurait pas un scénario bouclé avant que le dessinateur ne commence à travailler ? Ou une chanson dont la composition de la musique resterait incomplète ?

Et ce point essentiel est au coeur du dispositif de Superman comme film. Gunn a écrit et réalisé ce long métrage (comme tous ses précédents opus auparavant) en sachant que tout y était et que rien n'allait en être retiré ou ajouté en cours de route. Cela donne une solidité à l'ouvrage et évite au spectateur cette sensation que tout a été achevé en post-production.

C'est essentiel donc car, parmi les références citées par Gunn, il y avait la mini-série écrite par Grant Morrison et Frank Quitely, All-Star Superman. Cela en avait surpris quelques-uns puisque l'histoire racontait comment Lex Luthor piégeait son ennemi en l'exposant à des radiations solaires si massives qu'il ne pouvait plus les assimiler et qu'il en mourrait donc à petit feu.

Bien entendu, adapter cette histoire pour commencer une nouvelle ère cinématographique aurait été absurde. Mais Gunn a conservé la structure du récit de Morrison et Quitely qui tournait autour d'ultimes travaux entrepris par Superman avant qu'il ne disparaisse, pour s'assurer qu'après lui le monde resterait sûr.

Dans le film, on voit donc Luthor créer plusieurs diversions spectaculaires pour distraire Superman afin qu'il collecte des informations lui permettant, sinon de l'éliminer, en tout cas de le discréditer, de faire croire au monde, aux autorités qu'il n'était pas ce qu'il prétendait être. Lorsqu'il découvre et restaure un message des parents du kryptonien au sens très préjudiciable pour ce dernier, il prend l'avantage.

Mis hors-jeu, la vie de Superman est entre les mains de ses amis avec, d'un côté, Lois Lane et Jimmy Olsen, les collègues de son alter ego Clark Kent au Daily Planet, et, de l'autre, le Justice Gang, un groupe de métahumains financé par un concurrent de Luthor, Maxwell Lord et composé d'un Green Lantern (Guy Gardner), de Mr. Terrific, et de Hawkgirl.

Il s'agira pour eux tous de trouver où a été enfermé Superman, dont la détention a été confiée à Luthor, mais aussi d'enquêter sur les intérêts de Luthor dans une guerre entre deux pays où est intervenu unilatéralement Superman. Intervention qui a brouillé son image auprès des médias et de l'opinion et qui le place face aux conséquences éthiques, juridiques, géopolitiques de ses actes.

James Gunn affiche des parti-pris très culottés : pas d'origin story, une introduction de plein pied dans un monde déjà peuplé de créatures fantastiques, des dimensions de poche, un kaiju. Il les a justifiés de manière posée : un lecteur de comics démarre rarement par le premier épisode d'une série, et il fait des recherches sur les sources d'un univers fictif a posteriori.

Gunn expédie quelques informations au tout début en nous disant que les métahumains sont apparus sur Terre il y a trois siècles, qu'un bébé extraterrestre a atterri dans une capsule il y a trente ans, que Superman s'est présenté au public il y a trois ans, qu'il a empêché l'invasion du Jarhnapur il y a trois semaines et que le Marteau de Boravie l'a vaincu il y a trois minutes - sa première défaite.

Si, malgré tout, vous avez envie de voir le petit Clark Kent enfant avec ses parents adoptifs, une scène à la fin, en forme d'album de photos de famille vous récompensera. Mais en définitive, ce sur quoi Gunn concentre sa réalisation autant que son écriture, c'est la capacité d'immersion et/par le rythme. Un rythme très rapide (le film dure 129') et grisant.

Ce qui ne signifie pas que ça ne s'arrête jamais. Une des scènes majeures consiste même en un échange à bâtons rompus entre Lois Lane et Clark Kent qui répond à ses questions en endossant son rôle de Superman. La pugnacité de la journaliste envers le surhomme pousse celui-ci dans les cordes comme aucun autre des adversaires ne le fera, mais pour son bien.

A chaque fois que le film se calme, c'est ainsi, non pas pour simplement faire respirer l'histoire et le spectateur, mais pour adjoindre au récit des réflexions sur les métahumains, les conséquences de leurs actes, la redéfinition du monde du fait de leur présence, l'appréciation de ces phénomènes par l'opinion, leur exploitation médiatique, leur appréhension politique.

Mais évidemment, ce qu'on vient cherche avec un film sur Superman, c'est le divertissement, le grand spectacle, l'action, la fantasy. Et Gunn, en imposant un tempo très soutenu à son histoire, veut à la fois nous empêcher de nous arrêter sur des détails qu'on pourra juger rigolos (comme le slip rouge de Superman) et surtout nous plonger dans un flux tendu où même Superman est parfois submergé.

Ce faisant, on tolère les excentricités de personnages farfelus, choisis parmi les seconds couteaux de DC Comics par le cinéaste simplement parce qu'il les adore (comme il adore tous les outsiders, les freaks), à l'image de Metamorpho, dont il réussit, malgré tout, à nous faire ressentir la condition tragique, ou de l'Ingénieur, extirpé d'une réalité alternative comme son collègue Ultraman.

Le Justice Gang aurait sans doute gagné à davantage contextualisé, notamment via celui qui les a réunis et les finance (Maxwell Lord, campé par Sean Gunn, ne fait qu'une apparition à la toute fin). Mais en même temps, on comprend là aussi ce qu'il faut : il s'agit d'un groupe d'intervention, des électrons libres, formé par des individus collaborant sans vraiment avoir des affinités.

Quant aux personnages "simplement" humains, Gunn a pris soin de leur donner une envergure qui ne pâlit pas de celles des  métahumains. Lois Lane est l'incarnation du journalisme intègre, au risque de perdre tout, y compris l'homme qu'elle aime. Jimmy Olsen est son sidekick, fidèle, malin. Et Lex Luthor est mû par la jalousie, mais cette fois sans avoir besoin d'être un bouffon (même Eve Teschmacher qui devient celle qui fait basculer une partie de l'intrigue).

Les effets spéciaux sont soumis à l'épreuve du temps : même les films dotés des trucages les plus impressionnants à leur sortie deviennent datés peu après. Toutefois, on sent que l'équipe chargée de la post-production a eu du temps pour soigner l'ouvrage et des scènes comme celle avec le kaiju ou la dévastation de Metropolis ont une sacrée gueule.

Filmé avec des caméras légères, et avec un grand angle, Superman surprend justement par sa fluidité dans le mouvement, y compris quand les choses sont censées être plus calmes. Le look est effectivement le plus comics accurate possible, avec une palette de couleurs vives, de scènes de jour, mais surtout une constance dans l'animation, les compositions. C'est certainement ce que Gunn a fait de plus mobile et ça colle à ce qu'un tel projet exige.

Néanmoins, cette permanence dans le mouvement,, dans la cadence, ne s'opère jamais au détriment des prestations des acteurs. David Corenswet doit nous faire croire à un Superman faillible, fébrile, et qui apprend (pour lui-même et aux autres) qu'il est devenu humain, parce qu'il a été élevé ainsi, mais surtout parce que son éducation lui laissé le soin de commettre des erreurs et d'en tirer les leçons.

Rachel Brosnhan est, ce n'est pas une surprise, la meilleure Lois Lane : celle qui fut l'inoubliable Midge Maisel a ce charme, ce cran, cet élégance, qui rendent impossible à son personnage d'être éclipsée. Impossible d'imaginer une autre qu'elle ici. Tout comme Nicholas Hoult, réellement mauvais, pathétique, intelligent, dangereux : impressionnant et tellement réjouissant de voir enfin Luthor aussi bien joué.

Du Justice Gang, Isabela Merced/Hawkgirl est celle qui hérité du rôle le plus ingrat. Mais il faut dire qu'entre Nathan Fillion, plus que parfait en Guy Gardner, et Edi Gathegi, excellentissime en Mr. Terrific, c'était quasi insurmontable. Maria Gabriela de Faria manque un peu trop de finesse en Ingénieur. Anthony Carrigan est extra en Metamorpho. Tout comme Skyler Gisondo en Jimmy Olsen.

Gunn parvient à faire briller une distribution très fournie, en donnant à chacun son moment, même si le charisme de certains fait la différence ou que certaines scènes sont de vrais offrandes. C'était un vrai pari, et on peut dire qu'il est honnêtement rempli. Et, oui, à la fin, mais pas dans une scène post-générique (il y en deux, mais très anecdotiques), on voit Supergirl (Milly Alcock) !

Et vous allez adorer Krypto !

Un mot enfin sur la musique, où le thème, fameux, de John Williams est notamment très habilement revisité. Peu de chansons, contrairement à l'habitude de Gunn qui, comme Tarantino ou Edgar Wright, aime les playlists, mais une bande-son très chouette.

J'ai vraiment adoré ce Superman. Il respecte le personnage, il nous plonge dans un univers riche, foisonnant, coloré, positif. Et fait un bras d'honneur jouissif au cynisme ambiant en faisant de la gentillesse un geste punk rock. Son succès commercial est mérité et le DCU est entre de bonnes mains. Vivement la suite !