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samedi 4 octobre 2025
VOTEZ McKAY ! (Michael Ritchie, 1972)
JSA #12 (Jeff Lemire / Diego Olortegui)
Je l'ai souvent dit au cours de ces douze derniers mois à lire JSA, mais, à mon humble avis, Lemire a tout simplement péché par excès de personnages. Et le pire, c'est qu'il en rajoute encore dans ce chapitre, sans en faire rien d'autre que des figurants. J'aimerai qu'à l'avenir il se contienne et qu'il signe des histoires à la fois moins longues et surtout moins peuplées.
Vous allez me répondre que c'est une Société de super héros, pas une simple équipe. Et j'abonderai dans votre sens. De ce strict point de vue, JSA par Lemire est infiniment plus abouti que Justice League Unlimited parce que le concept même de la JSA, c'est justement cette Société de héros, vétérans et nouvelles recrues, sans oublier la classe intermédiaire.
Là où la JLU brasse beaucoup de personnages sans en faire grand-chose d'autre qu'un grand rassemblement de héros, la JSA est une sorte de grande famille avec les grands-parents, les parents, les enfants, les oncles, les tantes, les neveux et nièces, et cela donne à la série des liens plus chaleureux, une dynamique plus simple et complexe à la fois - en bref : une âme.
Cela, Lemire l'a à la fois compris, intégré et mis en scène. Mais je trouve qu'il ait tombé un peu dans la même impasse que Geoff Johns à la fin de son deuxième volume, avec un nombre si important de membres que certains (pour ne pas dire la plupart) manquent de caractérisation et surtout d'espace pour exister.
L'intrigue, elle, est parvenue à créer des difficultés en assez grand nombre pour occuper tout ce monde, mais parfois on a eu certains personnages dont on restait sans nouvelles depuis des mois et vers lesquels Lemire revenait comme s'il se rendait compte qu'il fallait quand même s'en occuper, pas toujours très subtilement.
Relancer une série par une saga pareille était ambitieux, mais peut-être un peu trop, et je pense que des lecteurs ont lâché l'affaire entre temps ou attendu que l'histoire soit complète pour relire l'ensemble d'une traite. Quelle que soit la stratégie choisie, difficile en tout cas de ne pas trouver la fin trop rapide et par conséquent de penser que des péripéties et des personnages auraient pu être écartés pour produire un dénouement plus satisfaisant.
Diego Olortegui a tenu bon la barre sur l'ensemble de la série (et ses fill-in artists ont tous été excellents). Sur les deux derniers épisodes, il a répondu présent et produit des planches très efficaces à défaut d'être grandioses. Toutefois je me garderai d'être sévère avec lui car j'ai conscience des efforts qu'exige de dessiner un team book, surtout comme JSA, et il s'en sort mieux que bien à ce niveau.
Deux réflexions pour conclure : d'abord, la suite sera plus modeste, avec un arc situé dans le passé, aux origines de la JSA et ça n'est pas pour me déplaire ; ensuite sans doute qu'en réduisant la voilure Lemire pourra s'appuyer sur un artiste à la fois et non sur un défilé de dessinateurs, certes très bons mais dont les styles varient trop pour donner une unité visuelle à la série.
Malgré donc des défauts évidents, JSA réussit un beau retour, grâce à un auteur investi et ambitieux, et des collaborateurs généreux dans l'effort. Ce serait vraiment bien que Urban Comics traduise ça, même si, évidemment, JSA manque de personnages moteurs par rapport à Justice League Unlimited et que, de manière générale, l'éditeur français semble avoir renoncé à tout proposer dans les nouveautés DC.
vendredi 3 octobre 2025
SHAMPOO (Hal Ashby, 1975)
JUSTICE LEAGUE : THE OMEGA ACT SPECIAL #1 (of 1) (Joshua Williamson / Yasmine Putri, Cian Tormey)
Problème : Superman est peu enclin à faire confiance à celui qui l'a autrefois tué. Néanmoins, avec l'aide de Superboy-Prime, il a été sauvé Booster Gold, envoyé enquêter sur cette faille créée suite à la mort de Darkseid et qui n'était pas revenu de sa mission car il avait été capturé par la Légion de Darkseid, une version corrompue par l'ancien maître d'Apokolips de l'équipe du XXXIème siècle.
En tentant d'échapper à cette Légion maléfique, le Time Trapper, gravement blessé, a surgi dans la tour de guet de la Justice League pour les prévenir du danger et être soigné. Superman et Booster Gold y revenaient à leur tour pour confirmer les dires du Time Trapper. Mais donc la méfiance est de mise : peut-on croire ce que raconte le Time Trapper ? Seul Booster Gold, depuis toujours peu estimé de ses confrères, peut l'assurer.
Williamson répète beaucoup de choses qu'on sait déjà quand on a lu ce que je viens de vous résumer. Oui, le Time Trapper dit la vérité. Oui, la menace est réelle et de grande ampleur. Non, il n'est pas certain que la JLU puisse éviter le pire... C'est quand même très redondant et ce n'est pas le périple de Booster Gold, Flash et du Time Trapper au 853ème siècle qui apporte quoi ce que ce soit de neuf.
Les planches de Yasmine Putri, supplée sur deux doubles pages par Cian Tormey, sont néanmoins très belles et ne manquent ni d'énergie ni d'élégance, quoique qu'elles se distinguent souvent par leur absence totale de décors (c'est bien pratique de situer l'action dans une sorte de néant temporel...). Disons que ça fait le job, même si ça ne montre là aussi rien d'original, rien d'inédit.
En revanche, c'est quand le récit bifurque dans le lointain passé qu'il parvient à intriguer davantage. En effet Williamson situe quelque scènes avant la destruction de Krypton où il met en scène Lara Lor Van (la future mère de Kal-El/Superman, alors qu'elle est encore archiviste) et Ursa (future amante du général Zod).
Les deux jeunes femmes explorent des ruines kryptoniennes et découvrent dans leur sous-sol une porte marqué du signe oméga (renvoyant donc à l'énergie du même nom, donc à Darkseid - mais cela, elles l'ignorent) et une tablette mentionnant une "arme ultime", ou plus exactement un "champion ultime". Elles ne comprennent pas ce que tout ça signifie sauf que ça a l'air sérieux et là depuis longtemps.
Williamson établit donc un lien entre Krypton et Darkseid, ce qui, à ma connaissance, est une nouveauté. Est-ce qu'il existe aussi un lien entre Darkseid, l'énergie oméga et la destruction de Krypton ? Cela en tout cas remonte à très loin puisque Lara et Ursa sont encore des jeunes femmes dans ces flashbacks et que Krypton n'est pas menacée d'extinction.
Ce qui est certain, c'est que DC K.O., comme l'avait annoncé Scott Snyder, qui écrira l'event, est une histoire au centre de laquelle est Superman (comme Metal avec Batman et Death Metal avec Wonder Woman). Superman sera-t-il ce "champion ultime", le futur King Omega ? Tout porte à croire que c'est lui qui défiera Darkseid en tout cas. A moins que Snyder ne nous réserve une surprise.
Le souci que j'ai, c'est que, entre les héros égarés de Dark Tomorrow, l'omniprésence et l'ambiguïté du Time Trapper, le retour de Darkseid, sa Légion, Booster Gold, le "champion ultime", le Roi Oméga, ça en fait des éléments à gérer pour un event qui ne fera que quatre (ou cinq ?) épisodes. Evidemment, il y aura des tie-in, mais bon, j'ai cru comprendre qu'ils serviraient surtout à développer les combats du tournoi de DC K.O..
A moins que... Tout ne soit pas résolu au terme de DC K.O.. Ou que DC K.O. aboutisse au changement radical d'un personnage important (imaginons par exemple que Superman devenu le Roi Oméga devienne un personnage très différent, peut-être corrompu). DC et ses auteurs auront en tout cas fait monter la sauce. Espérons qu'elle sera digeste.